Résumé de la décision
La préfète de la Corse-du-Sud a demandé l'annulation d'une ordonnance du 7 février 2019 du tribunal administratif de Bastia qui avait rejeté sa requête visant à suspendre l'exécution d'un permis de construire accordé à Mme E... pour quatre unités d'habitation sur une parcelle située à Bastelicaccia. La cour administrative d'appel de Marseille a confirmé l'ordonnance, rejetant la requête de la préfète, arguant qu'aucun des moyens soulevés ne créait de doute sérieux quant à la légalité de l'arrêté attaqué. De plus, un montant de 1 500 euros a été accordé à Mme E... au titre des frais de justice.
Arguments pertinents
1. Régularité de l'ordonnance : La cour a affirmé que le premier juge avait suffisamment motivé sa décision, en précisant les moyens soulevés par la préfète. Elle a constaté que ces moyens n'étaient pas de nature à créer un doute sérieux concernant la légalité de l'arrêté attaqué. Comme indiqué, "le premier juge a suffisamment motivé l'ordonnance attaquée".
2. Légalité de l'arrêté : En vertu de l'article L. 554-1 du Code de justice administrative, la suspension d'un acte municipal par le représentant de l'État requiert qu'un moyen invoqué semble de nature à créer un doute sérieux quant à sa légalité. La cour a déterminé, en l'état de l'instruction, qu'aucun moyen de la préfète ne remplissait cette condition.
Interprétations et citations légales
Le jugement repose sur plusieurs dispositions légales essentielles :
- Code de justice administrative - Article L. 554-1 :
« Les demandes de suspension assortissant les requêtes du représentant de l'Etat dirigées contre les actes des communes sont régies par le 3e alinéa de l'article L. 2131-6 du code général des collectivités territoriales... Il est fait droit à cette demande si l'un des moyens invoqués paraît, en l'état de l'instruction, propre à créer un doute sérieux quant à la légalité de l'acte attaqué ». Cette disposition souligne l'importance de la démonstration d'un doute sérieux pour obtenir une suspension.
- Code général des collectivités territoriales - Article L. 2131-6, alinéa 3 : Cet article accentue le fait que la légitimité des recours du représentant de l'État contre des actes municipaux dépend de la probabilité de la création d'un doute sérieux quant à leur légalité.
Les différents arguments de la préfète, qui faisaient référence à des méconnaissances présumées des articles L. 122-10 et L. 122-5 du Code de l'urbanisme, n'ont pas été retenus. La cour a considéré que ces points n'établissaient pas un doute sérieux sur la légalité de l'acte en question.
Ainsi, la décision souligne l'importance de démontrer des motifs concrets et légaux pour justifier une suspension administrative, positionne le juge des référés comme garant d'un équilibre entre l'action administrative et la légalité des actes municipaux.