Résumé de la décision
La cour administrative d'appel de Marseille a annulé une ordonnance du 22 mai 2019 du tribunal administratif de Bastia qui avait suspendu un permis de construire délivré par le maire de Pianottoli Caldarello. La cour a jugé que le déféré préfectoral était irrecevable en raison du non-respect des formalités de notification prévues par l'article R. 600-1 du code de l'urbanisme. En conséquence, la demande de suspension de la préfète de la Corse-du-Sud a été rejetée, et l'État a été condamné à verser 1 500 euros à la commune de Pianottoli Caldarello au titre des frais de justice.
Arguments pertinents
1. Irrecevabilité du déféré : La cour a constaté que la préfète de la Corse-du-Sud n'avait pas respecté les exigences de notification du déféré, ce qui a conduit à son irrecevabilité. La commune a soutenu que la notification du recours gracieux avait été effectuée, mais que celle du déféré ne l'était pas, ce qui est essentiel pour la recevabilité du recours contentieux.
> "La notification du déféré préfectoral n'est pas établie. Dans ces conditions, en l'état de l'instruction, la commune de Pianottoli Caldarello est fondée à soutenir que le déféré et, par suite, la demande de suspension présentée par la préfète de la Corse-du-Sud devant le tribunal administratif de Bastia sont irrecevables."
2. Non-respect des formalités : La cour a souligné que le respect des formalités prévues par l'article R. 600-1 du code de l'urbanisme est une condition sine qua non pour la recevabilité du recours. La préfète n'ayant pas produit les pièces justifiant de l'accomplissement de ces formalités, la demande de suspension a été jugée irrecevable.
> "Si le dossier de première instance révèle que la notification du recours gracieux de la préfète a été régulièrement accomplie, en revanche, la notification du déféré préfectoral n'est pas établie."
3. Condamnation de l'État : En raison de l'irrecevabilité de la demande de suspension, la cour a décidé de mettre à la charge de l'État une somme de 1 500 euros au titre des frais de justice, conformément aux dispositions de l'article L. 761-1 du code de justice administrative.
> "Il y a lieu, dans les circonstances de l'espèce, de mettre à la charge de l'État la somme de 1 500 euros sur le fondement des dispositions de l'article L. 761-1 du code de justice administrative."
Interprétations et citations légales
1. Article R. 600-1 du code de l'urbanisme : Cet article impose des obligations de notification pour les recours contentieux en matière de permis de construire. Il stipule que le préfet ou l'auteur du recours doit notifier son recours à l'auteur de la décision et au titulaire de l'autorisation, sous peine d'irrecevabilité.
> "En cas de déféré du préfet ou de recours contentieux à l'encontre (...) d'un permis de construire, (...), le préfet ou l'auteur du recours est tenu, à peine d'irrecevabilité, de notifier son recours à l'auteur de la décision et au titulaire de l'autorisation."
2. Article L. 761-1 du code de justice administrative : Cet article permet à la cour de condamner l'État à verser une somme à une partie pour couvrir les frais de justice, lorsque celle-ci a été contrainte de défendre ses droits en raison d'une action de l'État.
> "L'État versera la somme de 1 500 euros à la commune de Pianottoli Caldarello en application des dispositions de l'article L. 761-1 du code de justice administrative."
En conclusion, la décision de la cour administrative d'appel de Marseille repose sur une interprétation stricte des exigences de notification en matière de recours contre les permis de construire, soulignant l'importance de respecter les formalités légales pour garantir la recevabilité des actions en justice.