Résumé de la décision
Dans cette décision, le juge des référés a examiné une demande de suspension des avis d'imposition de M. et Mme F... concernant l'impôt sur le revenu pour l'année 2007 et des contributions sociales, ainsi que des amendes infligées en raison de l'utilisation de comptes bancaires non déclarés. Les requérants ont fait valoir que l'application de certaines dispositions du code général des impôts n'était pas légale dans leur cas. Le juge a finalement décidé d'ordonner la suspension des avis d'imposition en raison de l'existence d'un doute sérieux quant à leur légalité et des graves conséquences financières que cela pourrait engendrer pour les requérants, tout en rejetant une partie de leurs conclusions concernant les amendes.
Arguments pertinents
Les arguments principaux de la décision reposent sur deux aspects :
1. Doute sérieux sur la légalité : Le juge a retenu que Mme et M. F... avaient soulevé un moyen de droit qui pourrait créer un doute sérieux quant à la légalité des impositions contestées. Plus précisément, ils ont soutenu que les dispositions de l'article 123 bis du code général des impôts n’étaient pas légalement applicables à leur situation, ce qui a été jugé pertinent. Le juge a noté : « le moyen par lequel Mme et M. F... soutiennent que les dispositions de l'article 123 bis du code général des impôts ne pouvaient être légalement appliquées à leur situation est propre à créer, en l'état de l'instruction, un doute sérieux quant à la légalité des articles qui les concernent. »
2. Condition d’urgence remplie : Concernant l'urgence, le juge a évalué les conséquences potentielles des paiements d'impôts et d'amendes pour M. et Mme F..., concluant que leurs revenus annuels de 6 000 euros ne leur permettaient pas de faire face à une dette fiscale significative de 2 631 286 euros, entraînant des difficultés financières sévères. Il a précisé que « les requérants établissent les conséquences graves qui résulteraient du recouvrement de la somme en litige. »
Interprétations et citations légales
La décision s’appuie sur des dispositions clés du Code de justice administrative et du Code général des impôts :
1. Code de justice administrative - Article L. 521-1 : Ce texte autorise le juge des référés à suspendre l'exécution d’une décision administrative lorsque l'urgence le justifie et qu'un doute sérieux quant à sa légalité est établi. Il stipule : « le juge des référés, saisi d'une demande en ce sens, peut ordonner la suspension de l'exécution de cette décision... lorsque l'urgence le justifie et qu'il est fait état d'un moyen propre à créer, en l'état de l'instruction, un doute sérieux quant à la légalité de la décision. »
2. Code général des impôts - Article 123 bis et Article 1736 : Ces articles sont essentiels dans l'évaluation des impositions contestées. Le juge a estimé que l’application incorrecte de ces articles pourrait entraîner une illégalité des impositions et amendes, justifiant ainsi la suspension.
3. Code général des impôts - Article 1649 AA : Cet article concerne le statut des souscripteurs de contrats d’assurance-vie et a été évoqué dans le contexte des amendes imposées à M. et Mme F..., ce qui a soulevé des interrogations sur leur statut en tant que non-déclarants.
En conclusion, cette décision illustre l'importance de la protection judiciaire des contribuables face à des impositions potentiellement illégales, tout en mettant en relief la nécessité d’examiner les conséquences financières que peuvent avoir des décisions fiscales sur les contribuables.