Résumé de la décision
La société Certas Energy France, successeur de la société Esso SAF, a formé appel d'un jugement du tribunal administratif de Strasbourg qui rejetait ses conclusions contre l'article 3 de l'arrêté préfectoral du 20 décembre 2012. Cet arrêté avait prescrit des mesures d'urgence suite à une fuite de supercarburant dans une station-service à Metz. La cour a constaté que les mesures prescrites initialement par l'article 3 n'étaient plus nécessaires à la date du jugement, eu égard aux résultats des investigations et mesures prises par la société. Par conséquent, l'article 3 a été abrogé et le jugement contesté a été réformé.
Arguments pertinents
1. Mesures d'urgence : La cour a reconnu que les mesures prescrites à la société Esso, bien que légales au moment de leur adoption, n'étaient plus justifiées en raison des évolutions intervenues depuis que la société avait démontré l'absence de propagation de la pollution. Cela souligne l'importance d'une évaluation continue des mesures prises en matière d'environnement et de santé publique.
> "les mesures prescrites, qui étaient légalement justifiées lorsqu'elles ont été prises... ne sont plus... nécessaires à la date du présent arrêt."
2. Absence de nécessité des mesures : Les rapports d'expertise ont établi que la situation s'était améliorée au point que les prescriptions complémentaires mises en œuvre suffisaient pour assurer la surveillance de la pollution, rendant ainsi les mesures de l'article 3 obsolètes.
> "l'inspection estimant possible de préconiser la définition des prescriptions complémentaires en vue de la poursuite de l'activité."
3. Rejet des conclusions sur l'équité : La cour a aussi tranché sur les demandes de la société au titre de l'article L. 761-1 du Code de justice administrative, estimant qu'il n'y avait pas lieu d'accorder des frais, considérant la situation des parties.
> "Il n'y a pas lieu, dans les circonstances de l'espèce, de mettre à la charge de l'Etat la somme demandée."
Interprétations et citations légales
1. Code de l'environnement - Article L. 511-1 : Cet article impose la protection de l'environnement, et il est sous-jacent dans l'évaluation des mesures d'urgence. Les décisions doivent être proportionnées par rapport aux risques environnementaux en jeu, ce qui reflète une approche graduelle des interventions.
2. Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Cet article régule les frais d'instance, précisant que le juge doit condamner la partie perdante aux dépens, sauf si des considérations d'équité le justifient autrement. La cour a exercé son pouvoir d'appréciation en considérant ces aspects dans la décision.
> "Dans toutes les instances, le juge condamne la partie tenue aux dépens ou, à défaut, la partie perdante, à payer à l'autre partie la somme qu'il détermine, au titre des frais exposés et non compris dans les dépens."
3. Cas jurisprudence - CE 21 janvier 2002 n° 234227 : Ce cas illustre la flexibilité de la jurisprudence administrative en matière de mesures d'urgence environnementale. La cour administrative peut abroger des mesures si elles ne sont plus justifiées au moment où elle statue. Cela esquisse une approche dynamique en matière de gestion environnementale.
> "le juge administratif peut être conduit à constater que les mesures prescrites... ne sont plus nécessaires."
En somme, la décision souligne un juste équilibre entre l'exigence de protection environnementale et la nécessité d'une réévaluation des mesures en fonction de l'évolution des faits, tout en respectant les principes d'équité en matière de frais juridiques.