Résumé de la décision
Mme B..., ressortissante azerbaïdjanaise, a contesté un arrêté du préfet du Bas-Rhin du 29 juillet 2019, qui décidait de son transfert vers les autorités italiennes pour l'examen de sa demande d'asile. Elle a soulevé plusieurs irrégularités dans la procédure, notamment l'incompétence de l'autorité signataire, la langue de la procédure, et le non-respect des délais de transfert. Le tribunal administratif a constaté que le délai de transfert était devenu caduc, car il n'avait pas été exécuté dans les six mois suivant l'acceptation par l'Italie. Par conséquent, la responsabilité de l'examen de sa demande d'asile est revenue à la France. Le tribunal a décidé qu'il n'y avait pas lieu de statuer sur les conclusions de Mme B... en raison de la caducité de la décision de transfert.
Arguments pertinents
1. Caducité de la décision de transfert : Le tribunal a souligné que l'arrêté de transfert est devenu caduque après l'expiration du délai de six mois prévu par l'article 29 du règlement (UE) n° 604/2013. En effet, "l'Etat membre responsable est libéré de son obligation de prendre en charge ou de reprendre en charge la personne concernée" si le transfert n'est pas exécuté dans ce délai.
2. Interruption du délai : Le tribunal a noté que le recours introduit par Mme B... a interrompu le délai de six mois, qui a recommencé à courir après notification du jugement du tribunal administratif. Cela a conduit à la conclusion que le délai de transfert avait expiré le 14 février 2020, rendant la décision de transfert inapplicable.
3. Absence d'exécution de la décision : Le tribunal a constaté qu'il n'y avait pas de preuve que le transfert avait été exécuté dans le délai imparti, ce qui a conduit à la conclusion que la responsabilité de l'examen de la demande d'asile était désormais celle de la France.
Interprétations et citations légales
1. Règlement (UE) n° 604/2013 - Article 29 : Cet article stipule que "le transfert du demandeur vers l'Etat membre responsable de l'examen de sa demande d'asile doit s'effectuer... au plus tard, dans un délai de six mois". Le tribunal a interprété cette disposition comme imposant un délai strict pour l'exécution des transferts, renforçant ainsi la protection des droits des demandeurs d'asile.
2. Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile (CESEDA) - Article L. 742-3 : Cet article précise que "l'étranger dont l'examen de la demande d'asile relève de la responsabilité d'un autre Etat peut faire l'objet d'un transfert". Le tribunal a appliqué cette disposition pour établir que le transfert était conditionné par le respect des délais.
3. Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Concernant les frais de justice, le tribunal a décidé qu'il n'y avait pas lieu de faire droit aux conclusions de Mme B... sur ce fondement, en raison de l'absence de succès dans ses demandes d'annulation et d'injonction.
En conclusion, la décision du tribunal administratif repose sur une interprétation rigoureuse des délais et des procédures établies par le droit européen et national, garantissant ainsi le respect des droits des demandeurs d'asile.