Résumé de la décision :
M. B..., un ressortissant albanais, a vu sa demande d'asile rejetée et, par conséquent, a reçu un arrêté du préfet de la Haute-Saône l'obligeant à quitter le territoire français, assorti d'une interdiction de retour de deux ans. La décision du préfet a été contestée et annulée par le tribunal administratif de Besançon le 5 novembre 2019, qui a estimé que la durée de l'interdiction était entachée d'une erreur d'appréciation, étant donné la courte durée de présence de M. B... en France et l'absence de menaces graves pour l'ordre public. Le préfet a interjeté appel de ce jugement, mais la cour a confirmé l'annulation.
Arguments pertinents :
1. Critères d'évaluation : Le tribunal a rappelé que, selon le III de l'article L. 511-1 du code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile, l'autorité administrative doit tenir compte de plusieurs éléments pour justifier une interdiction de retour, notamment la durée de présence, les liens établis avec la France, les précédentes mesures d'éloignement, et toute menace pour l'ordre public.
- Citation pertinente : "L'autorité compétente doit... tenir compte, dans le respect des principes constitutionnels, des principes généraux du droit et des règles résultant des engagements internationaux de la France, des quatre critères qu'elles énumèrent..."
2. Erreur d'appréciation : Le tribunal a jugé que le préfet avait fait une erreur d'appréciation en considérant que la seule conduite sans permis pouvait justifier une menace pour l'ordre public et en fixant l'interdiction de retour à deux ans.
- Citation pertinente : "Les faits reprochés à l'intéressé de conduite sans permis, s'ils constituent un trouble à l'ordre public... ne sauraient à eux seuls caractériser une menace pour l'ordre public."
3. Absence de précédentes mesures d'éloignement : Le tribunal a souligné qu'il n'y avait pas eu de précédentes mesures d'éloignement contre M. B..., ce qui aurait pu justifier une durée d'interdiction plus longue.
- Conclusion : "En l'absence de précédentes mesures d'éloignement, c'est à juste titre que le tribunal administratif... a jugé qu'en fixant la durée de cette interdiction à deux ans, le préfet de la Haute-Saône a commis une erreur d'appréciation."
Interprétations et citations légales :
1. Interdiction de retour : Le III de l'article L. 511-1 du code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile stipule clairement les conditions dans lesquelles une interdiction de retour doit être prononcée et la façon dont sa durée doit être déterminée :
- Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile - Article L. 511-1 : "L'autorité administrative... assortit l'obligation de quitter le territoire français d'une interdiction de retour sur le territoire français, d'une durée maximale de trois ans... lorsque aucun délai de départ volontaire n'a été accordé..."
2. Éléments à prendre en compte : L'interprétation de ces critères doit être faite de manière globale, en prenant en compte tous les facteurs et non seulement ceux qui pourraient justifier l'interdiction de retour :
- "L'autorité compétente doit... indiquer dans quel cas susceptible de justifier une telle mesure se trouve l'étranger..."
3. Évaluation de la menace à l'ordre public : La cour a motivé que l'élément de conduite sans permis ne suffisant pas à établir une "menace pour l'ordre public" au sens strict aux fins de l'article L. 511-1 :
- "...dès lors... les faits de conduite sans permis, eu égard à leur caractère isolé,... ne sauraient à eux seuls caractériser une menace pour l'ordre public."
Ces éléments mettent en lumière à la fois le cadre juridique applicable et les considérations spécifiques qui guident le jugement, ainsi que le principe selon lequel l'ensemble des circonstances doit être pris en compte dans l'appréciation des mesures d'éloignement.