Résumé de la décision
M. B..., ressortissant algérien, a contesté une obligation de quitter le territoire français émise par le préfet des Vosges, qui a été annulée par le tribunal administratif de Nancy. Le préfet a interjeté appel de cette décision. La cour a finalement annulé le jugement du tribunal administratif, considérant que la durée de détention de M. B... devait être neutralisée dans le calcul de sa résidence régulière en France. En conséquence, la demande de M. B... a été rejetée, et ses conclusions pour obtenir une indemnisation au titre des frais de justice ont également été écartées.
Arguments pertinents
1. Neutralisation des périodes de détention : La cour a jugé que le tribunal administratif avait commis une erreur en ne tenant pas compte des périodes de détention de M. B... dans le calcul de sa durée de résidence régulière. Le préfet a soutenu que ces périodes de détention de 10,75 années de prison ferme devaient être neutralisées, ce qui a été accepté par la cour.
> "M. B... ne produisant aucun élément pour démontrer que ces indications seraient inexactes ou que la durée de détention pour chaque condamnation serait inférieure au quantum de la peine prononcée..."
2. Résidence habituelle : M. B... a également tenté de prouver qu'il résidait habituellement en France depuis l'âge de treize ans, mais la cour a estimé que les éléments fournis ne suffisaient pas à établir cette résidence.
> "Les éléments qu'il produit à cet effet ne démontrent pas une résidence habituelle en France depuis ses treize ans."
3. Droit au titre de séjour : Concernant la possibilité d'obtenir un titre de séjour en vertu de l'accord franco-algérien, la cour a noté que M. B... n'a pas précisé sur quelle base il revendiquait ce droit, ce qui a conduit à l'écartement de cet argument.
> "Il ne précise pas sur le fondement de quelle stipulation et n'apporte à l'appui du moyen aucune précision utile."
Interprétations et citations légales
1. Article L. 511-4 du Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile : Cet article énonce les conditions dans lesquelles un étranger ne peut faire l'objet d'une obligation de quitter le territoire français. Les paragraphes pertinents stipulent :
- 2° : "L'étranger qui justifie par tous moyens résider habituellement en France depuis qu'il a atteint au plus l'âge de treize ans."
- 4° : "L'étranger qui réside régulièrement en France depuis plus de dix ans, sauf s'il a été, pendant toute cette période, titulaire d'une carte de séjour temporaire ou pluriannuelle portant la mention 'étudiant'."
- 5° : "L'étranger qui réside régulièrement en France depuis plus de vingt ans."
2. Neutralisation des périodes de détention : La cour a interprété que les périodes de détention doivent être prises en compte pour déterminer la durée de résidence régulière, ce qui est en accord avec l'esprit de l'article L. 511-4, qui vise à protéger les étrangers ayant une résidence stable en France.
3. Article L. 761-1 du Code de justice administrative : Cet article stipule que les frais exposés par une partie qui n'est pas la partie perdante ne peuvent pas être mis à la charge de l'État. La cour a appliqué cette disposition pour rejeter la demande d'indemnisation de M. B...
> "Les dispositions de l'article L. 761-1 du code de justice administrative font obstacle à ce que soit mise à la charge de l'Etat, qui n'est pas, dans la présente instance, la partie perdante..."
En conclusion, la décision de la cour repose sur une interprétation stricte des conditions de résidence et des conséquences des périodes de détention, tout en respectant les dispositions légales en matière de frais de justice.