Résumé de la décision
La société Baumert, spécialisée dans la fabrication de portes et fenêtres en métal, a sollicité l'autorisation de licencier M. B..., un fraiseur, en raison de son refus d'accepter un transfert de son poste d'un établissement à Dreux vers un autre établissement aux Mureaux. L'inspecteur du travail a initialement autorisé ce licenciement, mais cette décision a été annulée par le tribunal administratif de Strasbourg en mars 2017, qui a jugé que l'inspecteur avait commis une erreur de droit en s'appuyant uniquement sur la volonté du salarié. Baumert a fait appel de cette décision, mais la cour a confirmé l'annulation, estimant que les arguments de la société n'étaient pas fondés. En conséquence, Baumert a été condamnée à verser 1 000 euros à M. B... pour les frais exposés.
Arguments pertinents
1. Erreur de droit de l'inspecteur du travail : La cour souligne que l'inspecteur du travail a effectivement commis une erreur en se basant exclusivement sur la volonté du salarié de quitter la société pour accordé l'autorisation de licenciement. La décision d'annulation du tribunal administratif repose ainsi sur cette constatation : "l'inspecteur du travail avait commis une erreur de droit en se fondant uniquement sur la volonté du salarié de quitter la société".
2. Insuffisance des justifications de Baumert : La société Baumert soutient qu'elle a un motif économique réel et sérieux et qu'elle a satisfait à l’obligation de reclassement, mais ces arguments n’ont pas été retenus par la cour. La société ne conteste pas le motif d'annulation lié aux erreurs de l'inspecteur, ce qui affaiblit sa position : "la circonstance que les autres moyens invoqués par M. B...en première instance… ne seraient pas fondés est sans incidence sur le bien-fondé du jugement".
3. Condamnation en vertu de l'article L. 761-1 : La cour a également jugé qu'il était juste de condamner Baumert à verser 1 000 euros à M. B... pour couvrir ses frais légaux, rappelant que cette disposition vise à assurer la réparation des frais non compris dans les dépens.
Interprétations et citations légales
1. Erreur de droit : L'interprétation de la capacité de l'inspecteur du travail à autoriser un licenciement en se basant uniquement sur la volonté du salarié est cruciale. Selon le Code du travail, l'autorisation de licenciement pour motif économique doit prendre en compte des éléments bien plus larges que la seule volonté du salarié.
2. Motif économique : L'inspecteur devait évaluer le motif économique dans le contexte de l’ensemble du groupe, comme le précise le Code du travail - Article L. 1233-3, qui exige que le motif économique soit "réel" et "sérieux". Ceci est renforcé par la nécessité d’une analyse appropriée de la situation économique de la société, incluant son environnement sectoriel.
3. Obligation de reclassement : L’article L. 1233-4 du Code du travail stipule que l'employeur doit prouver qu’il a tenté de reclasser le salarié avant d'envisager un licenciement. Baumert n’a pas réussi à démontrer qu'elle avait pris suffisamment de mesures pour respecter cette obligation, ce qui a influencé la décision de la cour.
La décision confirme donc l'importance d'une évaluation rigoureuse des motifs de licenciement et de la conformité aux obligations légales de reclassement, malgré les arguments de l'employeur.