Résumé de la décision
La requête de Mme D... E..., infirmière au centre hospitalier public du Cotentin, visant à obtenir un rappel de bonification indiciaire de 879,70 euros et à faire condamner le centre hospitalier à lui verser 1 000 euros au titre des frais d'instance, a été rejetée par le tribunal administratif de Caen. Mme D... E... avait opté pour un reclassement dans le nouveau corps des infirmiers en soins généraux et spécialisés à compter du 1er décembre 2010, mais contestait le refus du centre hospitalier de lui accorder un rappel de bonification indiciaire, arguant d'une rupture d'égalité de traitement. Le tribunal a jugé que son avancement d'échelon ne pouvait avoir d'effet financier avant la date de création de son nouveau corps et que le principe d'égalité ne s'appliquait pas dans ce cas.
Arguments pertinents
1. Droit d'option et effet financier : Le tribunal a rappelé que le décret du 29 septembre 2010, qui a créé le corps des infirmiers en soins généraux et spécialisés, est entré en vigueur le 1er décembre 2010. Par conséquent, l'avancement d'échelon de Mme D... E..., qui a eu lieu avant cette date, ne pouvait pas avoir d'effet financier. Le tribunal a affirmé : « l'avancement de la requérante à la durée minimale dans son corps de reclassement, lequel n'avait pas d'existence juridique entre le 1er février et le 30 novembre 2010, ne pouvait emporter d'effet financier avant cette date. »
2. Principe d'égalité de traitement : Le tribunal a également précisé que le principe d'égalité ne s'applique qu'aux agents d'un même corps ou cadre d'emploi dans des situations similaires. Mme D... E..., ayant choisi de se reclasser dans un corps différent, ne pouvait pas invoquer ce principe pour contester le traitement des agents restés dans leur corps d'origine. Le tribunal a conclu que « le principe d'égalité n'implique pas que des personnes se trouvant dans des situations différentes soient traitées de manière identique. »
Interprétations et citations légales
1. Droit d'option : La loi n° 2010-751 du 5 juillet 2010 a ouvert un droit d'option pour les fonctionnaires, permettant de choisir entre le maintien dans leur corps d'origine ou l'intégration dans un nouveau corps. Cette option a été limitée dans le temps, ce qui a des implications sur les droits acquis. Le tribunal a fait référence à l'article 37 de cette loi pour établir le cadre juridique de la décision.
2. Echelonnement indiciaire : L'arrêté du 29 septembre 2010 a fixé l'échelonnement indiciaire du nouveau corps des infirmiers, précisant que les effets financiers ne peuvent être rétroactifs avant la date de création du corps. Le tribunal a cité cet arrêté pour justifier que l'avancement d'échelon de Mme D... E... ne pouvait pas être pris en compte avant le 1er décembre 2010.
3. Code de justice administrative : Les dispositions de l'article L. 761-1 du code de justice administrative ont été appliquées pour déterminer les frais d'instance. Le tribunal a noté que, puisque le centre hospitalier n'était pas la partie perdante, il n'y avait pas lieu d'accorder des frais à Mme D... E... ni de faire droit à la demande de frais du centre hospitalier.
En résumé, la décision du tribunal administratif de Caen repose sur une interprétation stricte des textes législatifs et réglementaires en matière de reclassement et d'avancement d'échelon, tout en respectant le principe d'égalité de traitement dans le cadre des corps de la fonction publique hospitalière.