Résumé de la décision
La cour administrative d'appel a été saisie par le ministre de l'intérieur, qui contestait un jugement du tribunal administratif de Nantes du 24 janvier 2020 annulant sa décision du 16 juin 2017 rejetant la demande de naturalisation de M. C... . Le ministre soutenait que sa décision n'était pas entachée d'erreur manifeste d'appréciation, en raison de la résidence à l'étranger des enfants de M. C... . Finalement, la cour a confirmé le jugement du tribunal administratif, considérant que le ministre avait effectivement commis une erreur manifeste d'appréciation en se basant uniquement sur la situation de ses enfants, et a ordonné à l'État de verser 1 200 euros à M. C... au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative.
Arguments pertinents
1. Erreur manifeste d'appréciation : La cour a jugé que la décision du ministre de l'intérieur de rejeter la demande de naturalisation de M. C... fondée sur le seul fait que ses enfants mineurs résident à l'étranger était disproportionnée, compte tenu de l'absence de considération d'autres éléments tels que la résidence prolongée de M. C... en France, son impression professionnelle et la nationalité française de ses enfants.
> "En se fondant pour rejeter la demande de naturalisation de M. C... sur le seul motif que ses deux enfants mineurs résident à l'étranger... le ministre de l'intérieur a entaché sa décision d'une erreur manifeste d'appréciation."
2. Droit de réexaminer la demande : La cour a également noté que le tribunal a déjà enjoint le ministre de réexaminer la demande dans un délai de trois mois, rendant ainsi les nouvelles conclusions de M. C... sur ce point sans objet.
> "Dès lors que le jugement attaqué a déjà enjoint... au ministre de l'intérieur de réexaminer la demande de naturalisation de M. C... dans un délai de trois mois... les conclusions à fin d'injonction présentées de nouveau en appel par ce dernier sont dépourvues d'objet."
Interprétations et citations légales
1. Conditions pour la naturalisation : L'article 21-15 du Code civil précise que l'acquisition de la nationalité française par naturalisation est une décision de l'autorité publique. Cela implique que le ministre doit examiner les relevés individuels et contextuels avant de rejeter une demande.
> "Code civil - Article 21-15 : 'L'acquisition de la nationalité française par décision de l'autorité publique résulte d'une naturalisation accordée par décret à la demande de l'étranger.'"
2. Pouvoir de rejet: L'article 48 du décret n° 93-1362 du 30 décembre 1993 permettant au ministre de prononcer le rejet d'une demande de naturalisation stipule qu'il doit estimer l'opportunité d'accorder la naturalisation.
> "Décret n° 93-1362 - Article 48 : 'Si le ministre chargé des naturalisations estime qu'il n'y a pas lieu d'accorder la naturalisation... il prononce le rejet de la demande.'"
En conclusion, la décision met en lumière la nécessité pour le ministre de tenir compte de l'ensemble des éléments pertinents lorsqu'il évalue une demande de naturalisation et montre que l'appartenance à la nationalité française des enfants et la situation prolongée du demandeur en France sont des facteurs significatifs qui doivent être pris en compte.