Résumé de la décision
Mme A..., citoyenne sénégalaise, a demandé la naturalisation française par décret, mais sa demande a été ajournée pour une période de deux ans par le ministre de l'Intérieur. Elle a contesté cette décision devant le tribunal administratif de Nantes, qui a rejeté sa demande d'annulation. Mme A... a alors porté l'affaire en appel. La cour a confirmé le jugement du tribunal administratif, estimant que le ministre n'avait pas commis d'erreur manifeste d'appréciation dans sa décision d'ajournement. En conséquence, la requête de Mme A... a été rejetée et l'État n'a pas été condamné à rembourser les frais de justice.
Arguments pertinents
1. Appréciation de l'autonomie matérielle :
La cour a statué que, malgré les difficultés de Mme A..., sa situation financière ne permettait pas d'établir son autonomie matérielle. La cour a en effet noté que la majorité de ses revenus provenait d'aides sociales, ce qui ne permettait pas d'apprécier la stabilité et la constance requises pour un accord de naturalisation.
- "Il ressort des pièces du dossier que, sur la période s'étendant entre début 2011 et fin 2015, l'essentiel des revenus de Mme A... provient de transferts sociaux."
2. Évaluation du degré d'insertion professionnelle :
La cour a souligné que les circonstances personnelles de la requérante, tels que son congé parental et l'allocation de présence parentale, n'étaient pas des éléments substantiels qui pourraient exclure l'évaluation de sa capacité à s'insérer économiquement dans la société française.
- "Ces circonstances sont ainsi sans incidence sur l'appréciation de l'autonomie matérielle de l'intéressée."
3. Pouvoir discrétionnaire du ministre :
La cour a également mentionné que le ministre dispose d'un large pouvoir d'appréciation en matière de naturalisation, lui permettant de prendre en compte divers facteurs, y compris le niveau de ressources et la stabilité professionnelle du postulant.
- "Il appartient au ministre de porter une appréciation sur l'intérêt d'accorder la nationalité française à l'étranger qui la sollicite."
Interprétations et citations légales
1. Concernant l'acquisition de la nationalité française :
- Code civil - Article 21-15: Il stipule que la naturalisation est accordée par décret et que l'autorité publique a le pouvoir de décider si la demande doit être acceptée ou non.
- "L'acquisition de la nationalité française par décision de l'autorité publique résulte d'une naturalisation accordée par décret à la demande de l'étranger."
2. Ajournement d'une demande de naturalisation :
- Décret n° 93-1362 - Article 48: Cette disposition établit que le ministre peut prononcer le rejet de la demande ou son ajournement en imposant des conditions, ce qui a été l'objet de la décision contestée par Mme A...
- "Si le ministre chargé des naturalisations estime qu'il n'y a pas lieu d'accorder la naturalisation ou la réintégration sollicitée, il prononce le rejet de la demande."
3. Pouvoir d'appréciation du ministre :
- La cour a fait valoir que cette appréciation prend en compte le degré d'insertion professionnelle, ce qui est essentiel pour établir une autonomie matérielle.
- "Il peut légalement prendre en compte le degré d'insertion professionnelle du postulant, ainsi que le niveau et la stabilité de ses ressources."
En résumé, la décision de la cour se fonde sur une interprétation des dispositions légales qui régissent la naturalisation et sur l'appréciation discrétionnaire dont dispose le ministre dans ce domaine. Mme A... n'a pas réussi à établir les éléments nécessaires justifiant sa demande de naturalisation dans le cadre de sa situation personnelle et professionnelle.