Résumé de la décision
La cour administrative d'appel examine la demande de sursis à exécution formulée par le ministre de l'intérieur suite à un jugement du tribunal administratif de Nantes (n° 2010203 du 28 avril 2021), qui avait annulé une décision administrative concernant M. et Mme A.... Le ministre soutient que les intéressés ne justifient pas de leur séjour en France et soulève des préoccupations concernant le risque de détournement du visa accordé. La cour, considérant le sérieux des moyens invoqués par le ministre, ordonne le sursis à l'exécution du jugement attaqué, ce qui suspend les effets de ce jugement jusqu'à la décision finale sur la requête en appel.
Arguments pertinents
1. Inadéquation des justificatifs : Le ministre de l'intérieur argue que M. et Mme A... ne fournissent pas de preuves suffisantes de leur projet de séjour (tels que des lettres d'invitation ou des inscriptions à des événements), la seule présentation d’un K-BIS étant jugée insuffisante.
- "la seule présentation d'un K-BIS pour une société dont l'activité et le chiffre d'affaire ne sont pas connus et qui a été radiée du registre du commerce et des sociétés en mars 2019 n'étant pas suffisante"
2. Antécédents frauduleux : Il est relevé qu'un précédent visa a été annulé en raison d'agissements frauduleux de la part des intéressés. Cela érige de sérieux doutes quant à leur crédibilité lors de la demande actuelle.
- "le précédent visa des intéressés a fait l'objet d'une annulation en raison d'agissements frauduleux"
3. Moyens de subsistance insuffisants : Les relevés de comptes bancaires, bien qu'en équilibre positif, ne sont pas jugés suffisants pour prouver la capacité de M. et Mme A... à subvenir à leurs besoins.
- "les relevés de comptes bancaires, même s'ils font apparaître un solde créditeur ne suffisent pas"
4. Risque de détournement : Le ministre évoque également un risque de détournement de l’objet du visa demandant à M. A... de recourir à des moyens illégaux pour d'autres fins.
- "présentent un risque de détournement de l'objet du visa"
Interprétations et citations légales
Les éléments juridiques invoqués pour justifier la décision incluent principalement le Code de justice administrative et les dispositions spécifiques relatives à la procédure de sursis à exécution.
1. Code de justice administrative - Article R. 811-15 : Cet article stipule que la juridiction d'appel peut ordonner un sursis à l'exécution d'un jugement annulant une décision administrative si les moyens invocables paraissent sérieux.
- "la juridiction d'appel peut, à la demande de l'appelant, ordonner qu'il soit sursis à l'exécution de ce jugement si les moyens invoqués par l'appelant paraissent, en l'état de l'instruction, sérieux"
2. Risque de détournement : La référence à des précédents où des visas ont été détournés pour des activités illégales renforce l’application de l'article susmentionné en justifiant que le risque doit être pris en compte dans la décision sur le sursis à exécution.
3. Convention d'application de l'accord de Schengen et le Code des visas : Ces textes de droit européen établissent des critères clairs concernant les conditions de délivrance de visas, qui, bien qu'indirectement, soutiennent la position du ministre en matière de contrôle des flux migratoires et de lutte contre la fraude.
En définitive, la cour a jugé que, en raison de la combinaison des éléments présentés par le ministre, le sursis à exécution du jugement contesté était non seulement justifié, mais également nécessaire pour préserver l'ordre public et garantir l'intégrité des procédures de visa en France.