Résumé de la décision
La Cour administrative d'appel de Nantes a statué sur la requête du ministre de l'Intérieur, demandant le sursis à l'exécution d'un jugement du tribunal administratif de Nantes en date du 7 janvier 2021, qui avait favorablement accueilli les conclusions de M. C... concernant son droit de séjour en France. Le ministre avance plusieurs arguments, notamment le détournement de l'objet du visa et le séjour irrégulier de M. C..., tandis que ce dernier défend la recevabilité de la requête et conteste la solidité des arguments avancés par le ministre. La Cour a décidé de suspendre l'exécution du jugement contesté jusqu'à ce qu'elle statue sur l'appel.
Arguments pertinents
1. Recevabilité de la requête : La Cour a rejeté l'argument selon lequel le ministre manquait de compétence pour signer la requête, car il avait délégué cette autorité à un collaborateur. Selon la Cour, "la fin de non-recevoir tirée de ce que ce dernier ne serait pas compétent pour signer au nom du ministre la requête visée ci-dessus à fin de sursis à exécution du jugement du tribunal administratif de Nantes doit donc être écartée."
2. Sérieux des moyens tirés par le ministre : La Cour a jugé que le moyen selon lequel le mariage de M. C... aurait été contracté sans intention matrimoniale sérieuse était sérieux. Elle a note que "le moyen tiré par le ministre de ce que le mariage de M. C... avec une ressortissante française a été contracté en l'absence d'intention matrimoniale sérieuse et qu'il en résulte un détournement de l'objet du visa de long séjour demandé (...) paraît, en l'état de l'instruction, sérieux."
3. Conséquences du jugement : En conséquence, la Cour a ordonné le sursis à l'exécution du jugement du tribunal administratif, en notant que "il y a lieu de décider le sursis à exécution du jugement n°2005619 du 7 janvier 2021 du tribunal administratif de Nantes."
Interprétations et citations légales
La décision de la Cour s'appuie sur les articles du Code de justice administrative concernant la procédure d'appel et les conditions de sursis à exécution.
- Code de justice administrative - Article R. 811-15 : Cet article stipule qu'une cour d'appel peut ordonner le sursis à l'exécution d'un jugement annulant une décision administrative si les moyens invoqués semblent sérieux. Le texte précise : "la juridiction d'appel peut, à la demande de l'appelant, ordonner qu'il soit sursis à l'exécution de ce jugement si les moyens invoqués par l'appelant paraissent, en l'état de l'instruction, sérieux et de nature à justifier, outre l'annulation ou la réformation du jugement attaqué, le rejet des conclusions à fin d'annulation accueillies par ce jugement."
- Code de justice administrative - Article R. 222-25 : Ce texte détermine les modalités de jugement par la cour, précisant que le président de la cour peut statuer sur les demandes de sursis à exécution, ce qui a été respecté dans la décision.
Ainsi, l'interprétation de ces articles par la Cour illustre la capacité des juridictions administratives à suspendre l'exécution de décisions quand des raisons légales et substantielles le justifient, reflétant une protection des intérêts de l'administration dans l'attente de la décision définitive sur le fond.