Résumé de la décision
M. C..., ressortissant guinéen, a contesté par voie de requête un jugement du Tribunal administratif de Melun qui rejetait sa demande d'annulation d'un arrêté du préfet le concernant. Celui-ci visait à organiser son éloignement du territoire français. M. C... invoquait des violations de ses droits en vertu des articles 8 et 3 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme, en raison de sa situation familiale, de son état de santé et des conditions de violence dans son pays d'origine. La Cour administrative d'appel de Paris a rejeté la requête de M. C..., confirmant ainsi le jugement du tribunal administratif et les conclusions découlant de l'arrêté préfectoral, notamment en ce qui concerne le respect de sa vie privée et familiale, ainsi que le risque de traitements inhumains ou dégradants en cas de retour en Guinée.
Arguments pertinents
1. Sur l'article 8 de la Convention : La Cour a souligné que l'arrêté préfectoral n'a pas porté une atteinte disproportionnée au droit de M. C... au respect de sa vie privée et familiale. En effet, bien que M. C... ait avancé qu'il résidait chez son père, titulaire d'une carte de résident, il n'a pas fourni de preuves suffisantes pour établir cette cohabitation. La Cour a noté qu'il est célibataire, sans charge de famille en France, et qu'il avait vécu jusqu'à 26 ans en Guinée, ce qui indiquait qu'il avait des attaches dans son pays d'origine.
Citation pertinente : "l'arrêté attaqué n'a pas porté au droit de M. C... au respect de sa vie privée et familiale une atteinte disproportionnée par rapport au but poursuivi".
2. Sur l'article 3 de la Convention : La Cour a noté que M. C... ne démontrait pas qu'il risquait d'être personnellement en danger s'il retournait en Guinée. Son statut d'asile avait déjà été rejeté, et ses préoccupations concernant la violence en Guinée n'étaient pas suffisantes pour établir un risque de traitement dégradant.
Citation pertinente : "M. C... fait état de l'instabilité politique et du climat de violence généralisée qui règne en Guinée, sans établir qu'il serait personnellement inquiété en cas de retour [...]".
Interprétations et citations légales
1. Article 8 de la Convention européenne : Cet article protège le droit au respect de la vie privée et familiale. La Cour a interprété cet article comme nécessitant une évaluation des circonstances spécifiques du requérant, y compris sa situation familiale et ses liens avec le pays d'origine. En l'espèce, le manque de preuve concernant l'intégration de M. C... en France et sa famille en Guinée a été déterminant.
Citation: "Il ne peut y avoir ingérence d'une autorité publique dans l'exercice de ce droit que pour autant que cette ingérence est prévue par la loi".
2. Article 3 de la Convention : Interdit les traitements inhumains ou dégradants. La Cour a précisé qu'une évaluation des conditions dans le pays d'origine du requérant doit être accompagnée de preuves des risques personnels qu'il encourt, ce qui n'était pas le cas.
Citation: "Nul ne peut être soumis à la torture ni à des peines ou traitements inhumains ou dégradants".
3. Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile : Bien que non directement cité dans l'argumentation, le cadre juridique de l'éloignement des étrangers non autorisés en France repose sur les dispositions de ce code, qui exigent que les décisions d'éloignement soient prises dans le respect des droits humains et des obligations internationales.
En résumé, la décision de la Cour a reposé sur une évaluation rigoureuse de la situation personnelle de M. C..., ses liens avec son pays d'origine, et l'absence de preuves démontrant des risques personnels en cas de retour.