Résumé de la décision
Dans cette affaire, M. E... a contesté une ordonnance du juge des référés du Tribunal administratif de Paris qui avait enjoint au ministre de l'intérieur et au préfet de police de lui communiquer les actes d'une enquête administrative et d'une enquête menée par l'IGPN concernant les blessures qu'il a subies lors d'une manifestation des "gilets jaunes". Le ministre de l'intérieur a interjeté appel de cette ordonnance, arguant de son irrecevabilité et de la protection des secrets d'instruction. La Cour administrative d'appel a décidé de suspendre l'exécution de l'ordonnance en raison de la préservation d'intérêts publics et a rejeté les demandes de M. E... au titre des frais.
Arguments pertinents
1. Irrecevabilité du recours : La Cour a jugé que la signature du recours par une magistrate en détachement dans les services du ministère de l'intérieur n'affectait pas la recevabilité de celui-ci. Cela souligne que la hiérarchie administrative ne compromet pas la légitimité des recours administratifs.
2. Protection des secrets d'instruction : La Cour a affirmé que la communication des éléments d'une enquête judiciaire en cours porterait atteinte au secret de l'instruction, ce qui pourrait gravement préjudicier à un intérêt public. Elle a également noté que la communication des actes d'une enquête administrative en cours pourrait violer les articles L. 311-5 et L. 311-6 du Code des relations entre l'administration et le public.
> "la communication d'éléments d'une telle enquête judiciaire porterait atteinte au secret de l'instruction et serait ainsi de nature à préjudicier gravement à un intérêt public."
3. Rejet des conclusions au titre de l'article L. 761-1 : La Cour a rejeté la demande de M. E... de faire supporter les frais par l'État, considérant que l'État n'était pas la partie perdante dans cette instance.
> "les dispositions de l'article L. 761-1 du code de justice administrative font obstacle à ce que soit mis à la charge de l'Etat qui n'est pas la partie perdante dans la présente instance, le versement de la somme que M. E... demande."
Interprétations et citations légales
1. Code de justice administrative - Article R. 532-1 : Cet article permet au juge des référés de prescrire des mesures utiles d'expertise ou d'instruction, même sans décision administrative préalable. Cela établit le cadre dans lequel le juge peut agir en référé.
2. Code de justice administrative - Article R. 533-1 : Cet article stipule que les ordonnances rendues en référé sont susceptibles d'appel dans un délai de quinze jours, ce qui est crucial pour la procédure d'appel en l'espèce.
3. Code de justice administrative - Article R. 533-2 : Cet article permet au président de la Cour d'administrer une suspension provisoire de l'ordonnance si celle-ci préjudicie gravement à un intérêt public ou aux droits de l'appelant. Cela a été appliqué pour suspendre l'ordonnance du juge des référés.
4. Code des relations entre l'administration et le public - Articles L. 311-5 et L. 311-6 : Ces articles protègent certains secrets administratifs, ce qui a été un point central dans la décision de la Cour concernant la communication des actes d'enquête.
En somme, la décision de la Cour administrative d'appel repose sur une interprétation rigoureuse des textes de loi, visant à protéger les intérêts publics et à garantir le respect des procédures judiciaires en cours.