Résumé de la décision
La cour administrative a été saisie d'une demande d'exécution d'une décision antérieure (n° 16PA02803 du 20 juin 2017) qui avait annulé le rejet d'une demande de révision de prime de M. B... par le garde des sceaux, ministre de la justice. La cour avait ordonné au ministre de réexaminer et de verser la prime due à M. B..., ainsi que les intérêts correspondants. Faute de réponse du ministre tant durant la phase administrative qu'après l'ouverture de la phase juridictionnelle, la cour a décidé de prononcer une astreinte de 100 euros par jour contre le ministre, en l'absence de justifications quant aux diligences effectuées pour exécuter le jugement.
Arguments pertinents
1. Inexécution de la décision : La cour constate que la garde des sceaux n'a pas accompli les diligences nécessaires à l'exécution de la décision précédente, ce qui illustre l'obligation de l'administration à répondre et à agir conformément aux arrêt des juridictions administratives. Comme indiqué dans les considérations de l'arrêt : « [...] n'établit pas avoir accompli toutes les diligences utiles qui lui incombaient en vue de l'exécution de l'arrêt du 20 juin 2017. »
2. Limites de l'office du juge de l'exécution : La cour souligne que son rôle ne saurait être de se substituer à l'administration pour déterminer les mesures d'exécution. Ainsi, les demandes de M. B... concernant le calcul du montant de la prime et des intérêts ne peuvent être accueillies : « [...] il n'entre pas dans l'office du juge de l'exécution [...] de se substituer à l'administration [...] ».
3. Prononcé de l'astreinte : En raison du défaut de diligence du ministre, la cour prononce une astreinte pour inciter à l'exécution, en posant un cadre temporel pour la réponse : « [...] à défaut pour elle de justifier avoir procédé aux diligences [...] dans un délai de deux mois [...] une astreinte de 100 euros par jour [...] jusqu'à la date à laquelle elle y aura procédé. »
Interprétations et citations légales
1. Application de l'article L. 911-4 du Code de justice administrative : Cet article prévoit que les parties peuvent demander l'exécution d'un jugement. La cour s'est appuyée sur ce texte pour justifier sa démarche. Il stipule que : « En cas d'inexécution d'un jugement ou d'un arrêt, la partie intéressée peut demander au tribunal administratif [...] d'en assurer l'exécution. »
2. Rôle du juge d'exécution : La cour a clairement distingué le rôle du juge d'exécution, affirmant que celui-ci ne remplace pas l'administration dans ses décisions. Ce point de vue contribue à une meilleure compréhension des limites institutionnelles de l’intervention judiciaire en matière d’exécution.
3. Rappel de diligence des autorités administratives : La décision rappelle aux autorités administratives leur obligation de diligence face aux décisions de justice. L'absence de communication ou d'action de la part du ministre a mené à l'astreinte, clouant le propos sur l'importance de respecter les directives judiciaires.
En somme, la décision illustre la nécessité pour l'administration d'agir en conformité avec les décisions judiciaires, ainsi que la délimitation entre les rôles du judiciaire et de l'administration dans la mise en œuvre effective des décisions de justice.