Résumé de la décision
Le 11 octobre 2018, le Tribunal administratif de Cergy-Pontoise a annulé l'arrêté du 23 janvier 2018 du PREFET DU VAL-D'OISE, qui refusait à M. A..., un ressortissant pakistanais, la délivrance d'un titre de séjour en raison de son statut irrégulier en France. M. A... avait épousé une citoyenne française et vivait en France depuis 2012. Le PREFET a fait appel de cette décision. La Cour a confirmé le jugement du tribunal administratif en considérant que la situation de M. A... ne justifiait pas l'ingérence dans sa vie familiale conformément à l'article 8 de la Convention européenne des droits de l'homme (CEDH).
Arguments pertinents
1. Droit au respect de la vie privée et familiale : La Cour s'appuie sur l'article 8 de la CEDH, qui protège le droit de toute personne au respect de sa vie privée et familiale. Elle a considéré que la situation de M. A..., marié à une citoyenne française et ayant établi une communauté de vie continue depuis six ans, justifiait le respect de ce droit.
> "La circonstance que M. A... soit entré en France sans visa de long séjour et n'établisse pas la régularité de son entrée sur le territoire national est sans incidence sur l'appréciation de la situation de l'intéressé sur le fondement des stipulations précitées de l'article 8 de la convention européenne des droits de l'homme et des libertés fondamentales."
2. Absence de justification de l'ingérence : La Cour a conclu que l'attitude du PREFET ne pouvait être considérée comme nécessaire dans une société démocratique, ce qui est un critère fondamental pour l'ingérence dans les droits protégés par l'article 8.
> "Il résulte de ce qui précède... que le PREFET DU VAL-D'OISE n'est pas fondé à soutenir que c'est à tort que, par le jugement attaqué, le Tribunal administratif de Cergy-Pontoise a annulé sa décision en date du 23 janvier 2018."
Interprétations et citations légales
Cette décision se fonde principalement sur l'interprétation de l'article 8 de la CEDH, qui stipule que :
> "1. Toute personne a droit au respect de sa vie privée et familiale (...) 2. Il ne peut y avoir ingérence d'une autorité publique dans l'exercice de ce droit que pour autant que cette ingérence est prévue par la loi et qu'elle constitue une mesure qui, dans une société démocratique, est nécessaire...".
Voici les interprétations applicables :
- Droit à la vie familiale : L'article 8 de la CEDH pose un droit fondamental, et son ingérence ne peut être justifiée que par des motifs d'ordre public ou de sécurité nationale, ce qui n'était pas le cas pour M. A...
- Régularité de séjour : La décision montre une interprétation nuancée concernant la situation de séjour irrégulier. Le fait qu’un individu ne détienne pas un titre de séjour régulier ne doit pas automatiquement priver ce dernier de droits familiaux, surtout lorsqu'il est marié à un citoyen français et établi en France depuis plusieurs années, ce qui respecte l'esprit de la protection des droits fondamentaux.
Ainsi, la décision a réaffirmé la nécessité d'évaluer les cas individuels de manière à prendre en compte le contexte familial, tout en respectant les exigences de protection des droits humains stipulées par la CEDH.