Résumé de la décision
La Cour administrative d'appel a examiné la requête du PREFET DU VAL-D'OISE visant à annuler un jugement du Tribunal administratif de Cergy-Pontoise du 8 octobre 2018, qui avait annulé un arrêté du 19 décembre 2017. Cet arrêté refusait à M. A..., ressortissant algérien, la délivrance d'un certificat de résidence et lui imposait de quitter le territoire français. La Cour a rejeté la requête du PREFET, concluant que la décision contestée portait une atteinte disproportionnée au droit à la vie privée et familiale de M. A..., en regard des stipulations de l'article 8 de la convention européenne des droits de l'homme.
Arguments pertinents
1. Droit au respect de la vie privée et familiale : La Cour a affirmé que le refus de séjour portait atteinte au droit de M. A... au respect de sa vie privée et familiale, en prenant en compte sa situation conjugale avec une compatriote en situation régulière et leur prise en charge pour infertilité.
> « ...la décision de refus de séjour attaquée doit être regardée comme ayant porté une atteinte disproportionnée à son droit au respect de sa vie privée et familiale en France. »
2. Possibilité de regroupement familial : Le préfet a soutenu que M. A... pouvait bénéficier d'une procédure de regroupement familial, mais la Cour a estimé que son mariage sur le sol français ne justifiait pas cette opposition.
> « ...le préfet ne peut utilement lui opposer la circonstance qu'il aurait dû rentrer par la voie du regroupement familial. »
3. Situation personnelle de M. A... : La Cour a examiné les conditions de vie de M. A... en France, notamment son mariage et la prise en charge médicale de son infertilité, qui nécessitent la présence continue des époux pendant le traitement.
> « ...la prise en charge au titre d'une infertilité primaire à l'hôpital... impose que les époux ne soient pas séparés tout au long du protocole de traitement. »
Interprétations et citations légales
1. Article 8 de la Convention européenne des droits de l'homme : La décision de la Cour s'appuie sur l'interprétation de cet article, qui protège le droit au respect de la vie privée et familiale. La Cour a considéré que l'ingérence de l'État dans ce droit devait être justifiée par des raisons impérieuses, ce qui n'est pas le cas ici.
> « ...Il ne peut y avoir ingérence d'une autorité publique dans l'exercice de ce droit que pour autant que cette ingérence est prévue par la loi... et qu'elle constitue une mesure qui, dans une société démocratique, est nécessaire à... la protection des droits et libertés d'autrui. »
2. Réglementation sur l'immigration : La Cour a également mentionné l'accord franco-algérien du 27 décembre 1968 et la législation française sur l’entrée et le séjour des étrangers, soulignant l'importance de la situation personnelle de M. A..., marié à une personne en situation régulière sur le territoire.
> « ...le couple bénéficie d'une prise en charge au titre d'une infertilité primaire... »
En somme, la décision souligne l'importance du respect des droits humains dans le cadre de l'immigration et de l'examen des situations familiales, tout en rappelant les protections offertes par la convention européenne.