Résumé de la décision
Dans cette affaire, Mme B..., associé de la société civile Norma gérant un portefeuille de valeurs mobilières, conteste un jugement du Tribunal administratif de Cergy-Pontoise qui avait rejeté sa demande de décharge de cotisations supplémentaires d'impôt sur le revenu et de contributions sociales concernant des intérêts générés par le produit de la vente de titres de la société Mapad, placés sous séquestre. Elle soutenait que ces intérêts devaient être considérés comme des intérêts moratoires, ce qui aurait changé leur classement fiscal. La Cour a confirmé la décision du tribunal, considérant que les intérêts en question étaient des revenus de capitaux mobiliers et non des intérêts moratoires.
Arguments pertinents
1. Nature des intérêts : La Cour a souligné que les intérêts produits par le placement des sommes d'argent sous séquestre ne peuvent pas être qualifiés d'intérêts moratoires, puisqu'ils n’étaient pas dus en raison d’un retard de paiement imputable à la société séquestre mais étaient le fruit d’un placement des fonds. "Les intérêts produits par le placement de la somme d'argent pendant la durée du séquestre [...] ne sont pas dus [...] à raison du versement différé des sommes par la personne à laquelle le séquestre judiciaire a été donné."
2. Disposition sur les intérêts : La Cour a également rappelé que pour qu'un créancier puisse exiger des intérêts, une sommation de payer doit être effectuée, ce qui n'a pas été le cas. "Il ne résulte pas de l'instruction qu'une sommation de payer les sommes dues aurait été adressée [...]".
3. Imposition fiscale : La requête de Mme B... a été rejetée au motif que les intérêts relevés étaient effectivement à considérer comme des revenus au sens de l’article 124 du code général des impôts, et non sous le régime des plus-values de cession de valeurs mobilières. "Les intérêts produits par la somme placée sous séquestre ont la nature de revenus au sens de l’article 124 du code général des impôts et non d’intérêts moratoires."
Interprétations et citations légales
1. Code général des impôts - Article 124 : Cet article définit les types de revenus considérés pour l'imposition. Dans cette décision, la qualification des intérêts comme « revenus de capitaux mobiliers » découle directement de cet article, en précisant que les intérêts générés par le placement de somes d'argent sont bien qualifiés comme tels.
2. Code civil - Article 1961 : Cet article stipule que la justice peut ordonner le séquestre, précisant que la remise d'un prix de vente à un séquestre libère l’acquéreur de ses obligations envers le vendeur tant que la somme est détenue sous séquestre. Cela a été utilisé pour établir que pendant la durée du séquestre, l'éventuelle créance sur les intérêts n’était pas due par le séquestre.
3. Code civil - Article 1153 : Il est essentiel dans la détermination des intérêts dus dans les relations contractuelles. La Cour a cité cet article pour clarifier que sans une sommation de paiement, aucun intérêt n’est dû, renforçant ainsi l'idée que l’absence de demande de Mme B... à la société séquestre pour le paiement des sommes dues a été déterminante dans sa situation.
En somme, la décision repose sur les distinctions juridiques entre les revenus de capitaux mobiliers et les intérêts moratoires, sous l’angle des obligations contractuelles et de la procédure légale applicable au séquestre.