Résumé de la décision
M. A..., propriétaire d'un logement à Corbeil-Essonnes, a sollicité l'annulation d'une décision de la déléguée territoriale de l'agence régionale de santé d'Ile-de-France, qui l'avait mis en demeure de cesser la mise à disposition à fin d'habitation de deux chambres considérées comme impropres. Le Tribunal administratif de Versailles a rejeté sa demande. M. A... a ensuite interjeté appel, arguant notamment de vices de procédure et d'erreurs d'appréciation. La Cour a finalement annulé le jugement du tribunal et la décision de mise en demeure, considérant que M. A... n'avait pas eu l'occasion de présenter ses observations sur la mesure envisagée, ce qui constituait un vice de procédure.
Arguments pertinents
1. Vice de procédure : La Cour souligne qu'il a été porté atteinte aux droits de M. A... en ne lui permettant pas de présenter ses observations avant la prise de la décision. Cette omission de l'administration constitue une violation des règles de procédure administrative en vigueur.
- Citations pertinentes : "Ce vice de procédure, qui a privé M. A... d'une garantie, entache d'illégalité la décision litigieuse."
2. Manque de justification de l’urgence : La Cour établit qu’en l'absence d’une situation d'urgence, il est nécessaire de respecter la procédure contradictoire applicable, afin d'assurer que le propriétaire puisse défendre ses intérêts.
- Citations pertinentes : "Il ne résulte pas de l'instruction que l’état du local litigieux aurait caractérisé une situation d’urgence au sens du 1° de l'article 24 de la loi du 12 avril 2000."
3. Compétence du préfet : La décision de mise en demeure ne peut pas être considérée comme relevant de la compétence liée, ce qui permet d'admettre des moyens de contestation contre celle-ci devant le juge.
- Citations pertinentes : "L'appréciation que doit porter le préfet sur le caractère par nature impropre à l'habitation du local exclut qu'il puisse se trouver en situation de compétence liée."
Interprétations et citations légales
1. Code de la santé publique - Article L. 1331-22 : Cet article stipule que certain locaux, tels que les caves et sous-sols sans ouverture, sont considérés comme impropres à l'habitation et ne peuvent être mis à disposition en tant qu'habitation. Cela constitue la base légale pour la mise en demeure.
- "Les caves, sous-sols, combles, pièces dépourvues d'ouverture sur l'extérieur et autres locaux par nature impropres à l'habitation ne peuvent être mis à disposition aux fins d'habitation..."
2. Loi n° 2000-321 du 12 avril 2000 - Article 24 : Cet article impose des garanties de procédure en permettant aux personnes concernées de présenter leurs observations avant qu'une décision soit prise. La Cour a jugé que cette garantie n'a pas été respectée dans le cas présent.
- "Exception faite des cas où il est statué sur une demande, les décisions individuelles qui doivent être motivées [...] n'interviennent qu'après que la personne intéressée a été mise à même de présenter ses observations écrites."
3. Loi n° 79-587 du 11 juillet 1979 - Article 1er : Cet article inscrit la nécessité de motivation des actes administratifs, complémentaires aux exigences de la loi du 12 avril 2000.
- "Les décisions individuelles doivent être motivées en application des articles 1er et 2 [...]"
Cette analyse des arguments de la décision, des textes de loi ainsi que des interprétations juridiques contribue à situer les enjeux et le raisonnement qui ont conduit à l’annulation de la mise en demeure.