Résumé de la décision
La société Intel Corporation SAS a demandé l'autorisation de licencier pour motif économique M. C... B..., un salarié membre du comité d'entreprise, en invoquant la nécessité de sauvegarder sa compétitivité face à des défis du marché. L’inspecteur du travail a refusé cette autorisation sur plusieurs motifs, notamment une irrégularité dans la procédure de licenciement et l'absence de menace établie sur la compétitivité de l'entreprise. Le tribunal administratif de Cergy-Pontoise a rejeté la demande de la société, décision confirmée par la cour d'appel qui a également confirmé le refus de l'inspecteur du travail.
Arguments pertinents
1. Irregularité de la Procédure : L'inspecteur du travail a relevé que l'entretien préalable au licenciement avait été convoqué en méconnaissance des délais imposés par le Code du travail. La société a adressé la convocation le 18 février 2016, mais celle-ci n'a pu être reçue qu'après le 24 février.
> "L'employeur qui envisage de licencier un salarié le convoque, avant toute décision, à un entretien préalable… L'entretien préalable ne peut avoir lieu moins de cinq jours ouvrables après la présentation de la lettre." (Code du travail - Article L. 1232-2).
2. Indétermination du Motif Économique : L'inspecteur a également constaté que la société n'avait pas déterminé de manière suffisante le cadre d'appréciation du motif économique, ce qui rendait le licenciement problématique.
3. Absence de Menace sur la Compétitivité : La cour a conclu qu'il n'y avait pas de preuve suffisante démontrant la menace sur la compétitivité de la société, ce qui aurait justifié le licenciement.
4. Obligation de Reclassement : Enfin, l'inspecteur a signalé que la société n'avait pas respecté son obligation de rechercher d'autres solutions que le licenciement, renforçant le refus de l'autorisation.
Interprétations et citations légales
Dans cette décision, les parties se sont confrontées à différentes interprétations des normes régissant la procédure de licenciement économique.
1. Article L. 1232-2 du Code du travail souligne l'importance de respecter un délai minimal avant la tenue de l'entretien préalable. Le tribunal a clairement stipulé que le respect de ce délai était impératif.
> "Cette lettre indique l'objet de la convocation. / L'entretien préalable ne peut avoir lieu moins de cinq jours ouvrables après la présentation de la lettre..."
2. Sur la notion de motif économique, la cour a statue que le motif doit être précis et clairement établi, comme le requiert le droit du travail. L’argument de la société selon lequel il fallait appréhender les circonstances au niveau du groupe entier n'a pas été validé.
> "L'absence de menace établie sur la compétitivité de l'entreprise a également été un motif essentiel du refus."
En somme, cette décision illustre la rigueur des dispositions légales encadrant le licenciement économique, et l’importance de respecter chaque étape de la procédure pour éviter les irrégularités qui pourraient rendre le licenciement nul.