Résumé de la décision
Mme A...C...épouse B..., ressortissante algérienne, a demandé un certificat de résidence en France en se basant sur l'article 6-5 de l'accord franco-algérien du 27 décembre 1968. Son admission a été refusée par le préfet du Val-d'Oise, qui a également émis une obligation de quitter le territoire. Le 13 mars 2018, le tribunal administratif de Cergy-Pontoise a annulé cette décision, estimant que le refus portait atteinte à sa vie privée et familiale. Le préfet a formé appel, mais la cour a confirmé la décision du tribunal, rejetant la requête du préfet et lui ordonnant de verser une somme à Mme B....
Arguments pertinents
1. Exclusion de l'article 6-5 : Le préfet soutenait que le refus de délivrer le certificat de résidence était justifié car Mme B... appartenait à une catégorie qui pourrait bénéficier du regroupement familial, ce qui, selon lui, exclut l'application de l'article 6-5 de l'accord franco-algérien. Cependant, la cour a jugé que cette interprétation était erronée et que l'intensité des liens familiaux de Mme B... justifiait une protection de ses droits au titre de l'article 8 de la convention européenne des droits de l'homme.
2. Atteinte disproportionnée : La cour a conclu que la décision préfectorale constituait une atteinte disproportionnée au droit de Mme B... au respect de sa vie privée et familiale. En effet, elle vivait en France avec son mari et ses trois enfants, dont deux étaient scolarisés. Cela indiquait une intégration suffisante dans la vie locale, rendant ainsi le refus d'autorisation de séjour injustifié.
Interprétations et citations légales
1. Accord franco-algérien - Article 6 : L'article 6 de cet accord stipule que le certificat de résidence d'un an "est délivré de plein droit" au ressortissant algérien "dont les liens personnels et familiaux en France sont tels que le refus d'autoriser son séjour porterait à son droit au respect de sa vie privée et familiale une atteinte disproportionnée". Cette formulation laisse entendre que la profondeur des liens familiaux doit être évaluée au cas par cas, ce qui est précisément ce que la cour a fait dans cette affaire.
2. Convention européenne des droits de l'homme - Article 8 : L'article 8 de la convention établit que "toute personne a droit au respect de sa vie privée et familiale". Cela implique que même si le séjour de Mme B... était relativement récent, ses liens familiaux et sa situation familiale favorisaient l'application de cet article, en raison de l'importance accordée au respect des obligations familiales.
En somme, la décision de la cour met l'accent sur l'équilibre à rechercher entre la législation sur l'immigration et la protection des droits fondamentaux, affirmant que des considérations liées à la vie familiale doivent être sérieusement prises en compte dans ces situations.