Résumé de la décision
La SAS STEP LINE COMPANY, active dans le secteur textile, a demandé la restitution d'un crédit d'impôt recherche pour l'exercice clos en 2014, demandant également l'annulation d'un jugement préalable par lequel le tribunal administratif avait rejeté sa requête. La cour a confirmé ce jugement, estimant que la société ne devait pas bénéficier du crédit d'impôt, ayant confié la production de ses biens à des sous-traitants étrangers. La cour a également statué que la SAS STEP LINE ne pouvait pas invoquer la doctrine administrative ni réclamer des frais à la charge de l'État, qui n'était pas perdant dans cette affaire.
Arguments pertinents
1. Non-responsabilité de la production : La cour a constaté que la SAS STEP LINE COMPANY ne réalisait pas directement la production des biens qu'elle concevait, celle-ci étant sous-traitée à des sociétés étrangères. Il a été souligné que même si la société sélectionnait les matières premières, celles-ci n’étaient pas acquises par elle mais par ses sous-traitants. Cette relation de sous-traitance a été déterminante pour le jugement, car la cour a conclu que la société ne remplissait pas les conditions nécessaires pour bénéficier du crédit d'impôt recherche sur la base de son statut d'entreprise industrielle. Citant l'article 244 quater B du code général des impôts, les juges ont affirmé que le crédit d'impôt est réservé aux entreprises qui exposent des dépenses liées à l’élaboration de nouvelles collections en vue de leur production :
> "Les entreprises industrielles et commerciales ou agricoles imposées d'après leur bénéfice réel (...) peuvent bénéficier d'un crédit d'impôt au titre des dépenses de recherche qu'elles exposent au cours de l'année."
2. Invoquer la doctrine administrative : La cour a également rejeté l'argument selon lequel la société pouvait invoquer la doctrine administrative en tant que défense contre le refus de remboursement du crédit d'impôt. Le tribunal a énoncé que la décision refusant ce crédit n'était pas un rehaussement d'imposition au sens de l'article L. 80 A du livre des procédures fiscales, ce qui interdisait à la SAS STEP LINE de se prévaloir de cette doctrine :
> "La décision refusant de rembourser un crédit d'impôt ne constitue pas un rehaussement d'imposition."
3. Frais de justice : Concernant les frais demandés, la cour a précisé que l'État, non perdant dans l'affaire, ne devait pas supporter les frais exposés par la SAS STEP LINE, conformément à l'article L. 761-1 du code de justice administrative, qui stipule que :
> "les dispositions de l'article L. 761-1 du code de justice administrative font obstacle à ce que soit mise à la charge de l'Etat, qui n'est pas dans la présente instance la partie perdante."
Interprétations et citations légales
1. Application de l'article 244 quater B du code général des impôts : La cour a clairement interprété que le crédit d'impôt recherche doit être réservé aux entreprises exerçant une véritable activité industrielle, caractérisée par des dépenses engagées pour leur propre production. En d'autres termes, la SAS STEP LINE ne satisfaisait pas aux conditions d'éligibilité parce qu'elle externalisait sa production.
2. Interprétation de la doctrine administrative et des rehaussements d'imposition (article L. 80 A du livre des procédures fiscales) : La cour a également souligné les limitations de l'application de la doctrine administrative. La distinction entre une demande de crédit d'impôt et un rehaussement d'imposition est cruciale pour la validité de l'argumentaire de la société. Ce raisonnement permet de clarifier que des interprétations antérieures, même admises, ne sauraient s'appliquer dans le cadre d'une simple demande de restitution de crédit d'impôt.
3. Article L. 761-1 du code de justice administrative : Cette disposition est mise en avant pour expliquer que la responsabilité des frais de justice est liée à la position des parties dans le litige, renforçant ainsi la position selon laquelle l'État, n'étant pas perdant, n'est pas tenu d'indemniser les frais de la SAS STEP LINE.
Ces éléments au cœur de la décision montrent comment le droit fiscal et la qualification des activités d'une entreprise peuvent affecter son accès à des aides fiscales, tout en fournissant des éclaircissements sur les conditions d'application des lois fiscales en matière de crédit d'impôt recherche.