Résumé de la décision
La requête de Mme A... et M. C... vise à suspendre les effets de décrets du 16 et 29 octobre 2020 relatifs aux mesures de lutte contre l'épidémie de covid-19 à Mayotte. Les requérants avancent que ces décrets portent atteinte à plusieurs libertés fondamentales, notamment le droit d'accès aux soins médicaux, la liberté d'aller et venir, la dignité de la personne, le droit à la vie privée et le secret médical. Le juge des référés a rejeté la demande, considérant que les requérants n'ont pas apporté d'éléments suffisants pour démontrer une situation d'urgence justifiant l'intervention immédiate du juge.
Arguments pertinents
1. Condition d’urgence : Le juge des référés a relevé que Mme A... et M. C... n'ont pas démontré les éléments concrets permettant d'établir une situation d'urgence qui justifierait une intervention immédiate. En effet, ils se sont limités à des déclarations générales sur les atteintes à des libertés fondamentales sans préciser leur impact sur leur situation personnelle.
2. Application de l'article L. 521-2 du code de justice administrative : Le juge a rappelé que l’article L. 521-2 du code de justice administrative permet d’ordonner des mesures pour sauvegarder une liberté fondamentale lorsque l’urgence est établie. La décision a souligné que la simple invocation de ces atteintes n’est pas suffisante : " en se bornant à invoquer les atteintes qui seraient portées par ces textes à certaines libertés fondamentales, les requérants n’apportent aucun élément de nature à caractériser l'existence d'une situation d'urgence."
3. Conclusions du rejet : En conséquence, le juge a également rejeté les demandes de prise en charge des frais d’avocat au titre de l'article L. 761-1, considérant que le rejet de la requête entraînait de facto le rejet des frais associés.
Interprétations et citations légales
1. Interprétation de l’urgence : L’exigence d'urgence est stricte dans le cadre des référés administratifs. Le juge a interprété l'article L. 521-2 du code de justice administrative comme imposant aux requérants de prouver une atteinte grave et manifestement illégale à leur liberté. La décision montre que, pour établir l'urgence, il ne faut pas seulement montrer qu'il y a un impact théorique sur la collectivité, mais aussi pour soi-même.
- « Saisi d'une demande en ce sens justifiée par l'urgence, le juge des référés peut ordonner toutes mesures nécessaires à la sauvegarde d'une liberté fondamentale […] » (Code de justice administrative - Article L. 521-2)
2. Rejet sans instruction : Le juge a utilisé le pouvoir que lui confère l’article L. 522-3 pour rejeter la requête sans audience, justifiant sa décision par l'absence d’urgence.
- « Le juge des référés peut, par une ordonnance motivée, rejeter une requête sans instruction ni audience lorsque, notamment, la condition d'urgence particulière n'est pas remplie. » (Code de justice administrative - Article L. 522-3)
3. Absence de faits concrets : La décision met en lumière l'importance de la précision dans les arguments juridiques. Les requérants n'ont pas apporté d'éléments factuels pour démontrer leur situation d'urgence, ce qui reflète l'exigence des juridictions administratives de se baser sur des faits probants et personnels dans des demandes de référés.
Ainsi, la décision souligne la rigueur avec laquelle le juge des référés interprète les conditions d'urgence et la nécessité de présenter des éléments concrets pour justifier une mesure exceptionnelle.