Résumé de la décision
La SARL Boucherie de l'avenir a formé un recours contre une ordonnance du juge des référés du tribunal administratif de Lyon qui avait rejeté sa demande de suspension de fermeture administrative de son établissement pour une durée d'un mois, décidée par un arrêté du préfet du Rhône. Cette fermeture était fondée sur la constatation de travail dissimulé. Le conseil a estimé que la condition d'urgence n'était pas remplie, considérant que la fermeture, bien que générant des pertes, ne menaçait pas l'équilibre financier de la société de manière immédiate et directe. En conséquence, le tribunal a rejeté la requête, y compris les demandes d'indemnisation au titre des frais de justice.
Arguments pertinents
1. Condition d'urgence : La décision a déterminé que la condition d'urgence, prévue par le Code de justice administrative, n'était pas remplie. Selon le juge des référés, « la fermeture litigieuse d’un mois n'aura pas comme conséquence immédiate et directe de menacer l'équilibre financier de la société requérante », même si une perte de chiffre d'affaires était à prévoir.
2. Évaluation des pertes financières : Bien que la SARL ait estimé une perte d'exploitation de 31 500 euros, le juge a comparé ce montant aux bénéfices nets comptables des années précédentes et a constaté que cela était inférieur, ce qui a conduit à la conclusion que la société pouvait surmonter cette période de fermeture.
3. Absence de preuve sur les pertes prolongées : Le juge a noté que la SARL n'a pas suffisamment chiffré ou prouvé l'impact de la perte de clientèle sur ses futures activités, se contentant de rappeler le contexte concurrentiel sans le quantifier.
Interprétations et citations légales
La décision fait référence à plusieurs articles du Code de justice administrative qui balisent les conditions dans lesquelles une suspension de mesure administrative peut être demandée et les critères d'urgence et de légalité.
1. Urgence et mesures nécessaires : L'article L. 521-2 du code de justice administrative stipule que le juge des référés peut ordonner des mesures nécessaires à la sauvegarde d'une liberté fondamentale quand une atteinte "grave et manifestement illégale" est constatée. Ici, le juge a jugé que l'atteinte à la liberté d'entreprendre n'était pas suffisamment grave pour justifier une suspension.
2. Rejet des requêtes : Selon l'article L. 522-3 de ce même code, le juge peut rejeter une requête par une ordonnance motivée « lorsqu'il apparaît manifeste, au vu de la demande, que celle-ci [...] est mal fondée ». Le juge des référés a appliqué ce principe pour rejeter la requête de la SARL, considérant que la démonstration de l'urgence et de l'illégalité n'était pas établie.
Conclusion
La décision souligne l'importance de démontrer non seulement l'urgence mais aussi l'illégalité manifeste d'une mesure administrative pour obtenir la suspension de son exécution. La SARL Boucherie de l'avenir n'a pas réussi à prouver que la fermeture administrative menaçait son équilibre financier de manière imminente, et n'a pas fourni des éléments suffisants pour justifier l'importance des pertes liées à la perte de clientèle dans un environnement concurrentiel. Ces aspects ont conduit à un rejet de sa requête.