Résumé de la décision
Dans le cadre d'une demande de suspension de l'exécution de la décision du 21 octobre 2020 par laquelle l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a interdit l'usage de l'hydroxychloroquine, M. A... a saisi le juge des référés du Conseil d'Etat. Il soutenait que cette décision portait gravement atteinte aux droits des médecins et à la liberté de prescriptions, tout en remettant en question la légalité de l'interdiction au regard de l'incertitude sur l'efficacité de l'hydroxychloroquine. Toutefois, le juge a déclaré la requête irrecevable, évoquant le défaut de présentation d’une requête distincte en annulation.
Arguments pertinents
Les arguments clés de la décision portent principalement sur les conditions de recevabilité d'une requête en référé suspension. Ainsi, le juge a rappelé que :
1. Condition d'urgence et doute sérieux de légalité: Le juge des référés ne peut ordonner la suspension qu’en cas d’urgence justifiée et de moyens créant un doute sérieux quant à la légalité de la décision (Code de justice administrative - Article L. 521-1).
2. Irrecevabilité de la requête: La requête est irrecevable en raison de l'absence d'une requête distincte en annulation, conformément aux exigences de l'article R. 522-1 du Code de justice administrative. Le juge précise ce point en indiquant que « l'intéressé ne justifie nullement avoir introduit devant le Conseil d'Etat une requête distincte en annulation ».
Interprétations et citations légales
L'interprétation des textes de loi appliqués dans la décision souligne plusieurs aspects importants :
1. Urgence et doute sérieux: L'article L. 521-1 du Code de justice administrative établit clairement les critères que doit remplir une requête en référé suspension. La mention « lorsque l'urgence le justifie et qu'il est fait état d'un moyen propre à créer, en l'état de l'instruction, un doute sérieux quant à la légalité de la décision » illustre la nécessité d’un examen rigoureux de ces conditions avant que le juge prenne une décision sur le fond.
2. Requêtes distinctes: L'article R. 522-1 du même code stipule que pour qu'une demande en suspension soit recevable, elle doit être présentée par requête distincte de la requête en annulation. Ce principe est fondamental pour assurer le bon fonctionnement de la procédure administrative, et le juge a clairement souligné ce point en déclarant que la requête « méconnaît les dispositions de l'article R. 522-1 du code précité ».
3. Rejet sans instruction: Conformément à l'article L. 522-3, le juge a exercé son pouvoir de rejeter immédiatement la requête sans instruction ni audience, mettant en avant l'irrecevabilité manifeste.
En conclusion, cette décision illustre l'importance du formalisme dans les procédures administratives et la nécessité de respecter les règles de recevabilité pour accéder à une voie de recours. La décision remet l'accent sur les obligations procédurales que les requérants doivent respecter pour contester une décision administrative.