Résumé de la décision
La société L'Amourette a contesté un arrêté préfectoral ordonnant la fermeture administrative de son restaurant pour deux mois, arguant que cela menaçait sa viabilité économique. Elle a formulé une demande de suspension de l'exécution de cet arrêté devant le juge des référés du tribunal administratif de la Guyane, qui a rejeté sa demande pour absence d'urgence. L'Amourette a fait appel de cette décision. Le Conseil d'État a confirmé la décision du juge des référés en considérant que la condition d'urgence n'était pas remplie, et a donc rejeté la requête de la société.
Arguments pertinents
1. Condition d'urgence : La société a soutenu que la fermeture menaçait sa survie économique. Cependant, le Conseil d'État a considéré que "la société requérante se borne à faire état d'éléments isolés" et n'a pas fourni de preuve suffisante pour établir un risque imminent pour la pérennité de son activité.
2. Absence de justification : La note d'expert-comptable produite par la société était jugée trop générale et manquait d'indications chiffrées : "il est rédigé en termes généraux et ne contient aucune indication chiffrée sur l'impact de la mesure litigieuse".
3. Rejet de la demande : En conséquence, le Conseil d'État a affirmé que la condition d'urgence n'était pas satisfaite, rendant la décision antérieure justifiée : "il en résulte que la société L'Amourette n'est pas fondée à soutenir que c'est à tort que, par l'ordonnance attaquée, le juge des référés du tribunal administratif de la Guyane a rejeté sa demande."
Interprétations et citations légales
1. Interprétation de l'article L. 521-2 du code de justice administrative : Cet article stipule que le juge des référés peut ordonner des mesures pour sauvegarder une liberté fondamentale lorsque la demande est justifiée par l'urgence. Il impose au requérant de démontrer "des circonstances caractérisant une situation d’urgence" pour qu’une mesure soit prise à très court terme.
- Citation : "Lorsqu'un requérant fonde son action non sur la procédure de suspension [...] mais sur la procédure particulière [...] il lui appartient de justifier de circonstances caractérisant une situation d'urgence."
2. Fermeture administrative selon l'article L. 3332-15 du code de la santé publique : Cet article précise les conditions et motifs qui peuvent justifier la fermeture des établissements tels que des restaurants. Il mentionne que la fermeture peut être ordonnée pour une durée maximale de deux mois en cas d'atteinte à l'ordre public ou à la santé publique.
- Citation : "La fermeture [...] peut être ordonnée par le représentant de l'Etat dans le département pour une durée n'excédant pas deux mois."
3. Absence d'une partie perdante au sens de l'article L. 761-1 du code de justice administrative : Cet article empêche l'imposition de frais de justice à l'État si ce dernier n'est pas la partie perdante, ce qui a été le cas ici.
- Citation : "Les dispositions de l'article L. 761-1 [...] font obstacle à ce qu'une somme soit mise, à ce titre, à la charge de l'Etat qui n'est pas, dans la présente instance, la partie perdante."
Ainsi, le Conseil d'État a appliqué les textes de loi en considérant l'absence d'éléments suffisants pour justifier l'urgence et a confirmé le rejet de la demande de la société L'Amourette.