Résumé de la décision
La société Polyanna a soulevé une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) concernant des dispositions du code des impôts de la Nouvelle-Calédonie, en raison de leur potentiel atteinte aux droits et libertés garantis par la Constitution. Toutefois, le Conseil d'Etat a décidé qu'il n'y avait pas lieu de transmettre cette question au Conseil constitutionnel, au motif que les dispositions contestées avaient un caractère réglementaire et ne relevaient pas de la portée des dispositions législatives définies par l'article 61-1 de la Constitution.
Arguments pertinents
Le Conseil d'Etat a fondé sa décision sur plusieurs points juridiques clés :
1. Applicabilité des Dispositions Contestées : Il a établi que les dispositions du code des impôts de la Nouvelle-Calédonie en question n'étaient pas issues d'une loi du pays, mais avaient un caractère réglementaire. Ainsi, elles ne pouvaient être considérées comme des dispositions législatives au sens de l'article 61-1 de la Constitution. Cela est illustré dans le point 4 de la décision où il est précisé que les dispositions contestées "ne sont donc pas au nombre des dispositions législatives visées par l'article 61-1 de la Constitution".
2. Conditions de la Question Prioritaire de Constitutionnalité : Le Conseil d'Etat a rappelé les critères d'inscription d'une QPC, stipulés dans l'ordonnance du 7 novembre 1958, se référant notamment à l’applicabilité de la disposition au litige, son absence de conformité antérieure avec la Constitution, et son caractère nouveau ou sérieux, comme mentionné au premier alinéa de l'article 23-5.
Interprétations et citations légales
Dans son analyse, le Conseil d'Etat a interprété les divers textes juridiques avec soin :
- Ordonnance n° 58-1067 – Article 23-5 : Cet article permet de soulever une question prioritaire de constitutionnalité concernant une disposition législative. Il stipule que cette disposition doit "être applicable au litige ou à la procédure" et ne doit pas avoir été déclarée conforme à la Constitution par le Conseil constitutionnel précédemment.
- Loi Organique n° 99-209 – Article 107 : Ce texte établit que "les dispositions d'une loi du pays peuvent faire l'objet d'une question prioritaire de constitutionnalité". Le Conseil a noté que les dispositions litigieuses ne relèvent pas de cette catégorie, car elles ne sont pas issues d'une loi du pays.
- Code des impôts de la Nouvelle-Calédonie – Article 536 et Article 536 bis : Ces articles définissent des règles fiscales spécifiques concernant l'exonération d'impôt pour certaines distributions de dividendes entre sociétés. Le Conseil a reconnu que, bien que ces règles soient pertinentes dans le litige, elles n’en sont pas moins considérées comme des dispositions réglementaires par rapport au cadre législatif.
En somme, la décision du Conseil d'Etat souligne l'importance de la distinction entre les dispositions législatives et réglementaires lorsqu'il s'agit de soumettre une QPC au Conseil constitutionnel, soulignant ainsi l'interaction entre le droit local et les normes constitutionnelles.