Résumé de la décision
La décision en question concerne un pourvoi en cassation du ministre de l'action et des comptes publics contre l'arrêt de la cour administrative d'appel de Bordeaux du 27 septembre 2018, qui avait prononcé la décharge des cotisations supplémentaires d'impôt sur le revenu imposées à M. et Mme A... au titre des années 2003 à 2007. L'administration fiscale a notifié ces redressements en se basant sur l'absence de déclaration de sommes créditées sur un compte bancaire, qu'elle soupçonnait d'être le résultat de détournements de fonds. La Cour a annulé l'arrêt contesté, en jugeant que l'administration avait, dès 2007, les éléments nécessaires pour provoquer les rectifications en temps normal, invalidant ainsi l'application du délai spécial de reprise.
Arguments pertinents
L'arrêt de la cour administrative d'appel a été annulé pour plusieurs raisons juridiques clés :
1. Délai de reprise : La Cour a statué que l'administration fiscale aurait pu utiliser ses pouvoirs de contrôle pour établir l'insuffisance d'imposition dans le délai normal prévu à l'article L. 169 du livre des procédures fiscales. Il a été précisé que la découverte d'éléments au cours d'un contrôle pouvait permettre à l'administration de résoudre les insuffisances d'imposition sans recourir à la prolongation offerte par le délai spécial de reprise.
2. Qualité des éléments disponibles : La décision a remis en question la suffisance des informations dont disposait l'administration. La cour n'a pas examiné si le solde d'un compte bancaire à une date donnée pouvait réellement conduire à des soupçons sur des opérations antérieures, ce qui constituait une erreur de droit.
En effet, il a été noté que : « Des insuffisances ou omissions d'imposition ne peuvent pas être regardées comme révélées par une instance devant les tribunaux au sens de cet article lorsque l'administration dispose d'éléments suffisants lui permettant… d'établir ces insuffisances ou omissions d'imposition dans le délai normal de reprise prévu à l'article L. 169 ».
Interprétations et citations légales
L'interprétation des articles L. 169 et L. 170 du livre des procédures fiscales est au cœur de la décision :
- Article L. 169 : Cet article régit le droit de reprise de l'administration pour l'impôt sur le revenu, indiquant que ce droit est valable jusqu'à la fin de la troisième année suivant l'année de l'imposition.
- Article L. 170 : Il stipule que, même si les délais de reprise ont expiré, l'administration peut corriger les omissions tant qu'une instance a révélé des insuffisances. La Cour a critiqué l'application de cet article dans le cas où l'administration possédait déjà des éléments suffisants pour agir dans le cadre du délai normal.
Ces articles sont cruciaux pour comprendre la question du droit de reprise de l'administration. Le ministre a réussi à prouver que la cour était dans l'erreur en ne tenant pas compte de la manière dont les éléments en possession de l'administration permettaient d'agir dans le cadre du délai normal.
Ainsi, cette décision souligne l'importance de la compétence de l'administration fiscale à utiliser les informations dont elle dispose pour établir rapidement des rectifications d'imposition sans être excessivement prolongée par des délais spéciaux en cas d’éléments déjà disponibles.