Résumé de la décision
La décision porte sur la requête de la fondation Jérôme Lejeune, qui cherche à annuler une recommandation de la Haute Autorité de santé (HAS) relative aux tests ADN pour le dépistage de la trisomie 21 foetale. La ministre de la santé avait sollicité la HAS pour actualiser ses recommandations, entraînant l’adoption d’une recommandation en avril 2017. Le Conseil d’État rejette la requête, considérant que cette recommandation ne constitue pas un acte faisant grief susceptible d’un recours pour excès de pouvoir.
Arguments pertinents
Les principaux arguments en faveur du rejet de la requête peuvent être regroupés comme suit :
1. Nature de la recommandation : Le collège de la Haute Autorité de santé a adopté une recommandation qui ne relève pas des bonnes pratiques destinées aux professionnels de santé, mais constitue un avis à l'intention du ministre. Le Conseil d’État précise que ce document fait partie d'une procédure d'élaboration d'actes administratifs et ne produit pas directement d’effets juridiques. Ainsi, il ne pourrait être contesté par voie de recours.
Citation pertinente : "Ce document (...) constitue ainsi un élément de la procédure d'élaboration des décisions qu'il appartient à cette autorité de prendre, le cas échéant."
2. Inexistence d'un acte faisant grief : La décision conclut que ni la recommandation ni la délibération de la HAS, ni le refus d'abroger celle-ci ne constituent des actes susceptibles de faire grief. Par conséquent, les conclusions de la fondation nécessitant l'annulation de ces actes sont jugées irrecevables.
Citation pertinente : "Par suite, ni cette recommandation, ni la délibération (...) n constituent des actes faisant grief, susceptibles de faire l'objet d'un recours pour excès de pouvoir."
3. Frais de justice : La Haute Autorité de santé n'ayant pas engagé de frais spécifiques dans l'instance, la demande pour le remboursement de frais au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative est rejetée.
Citation pertinente : "la Haute Autorité de santé, qui n'a pas eu recours au ministère d'avocat et ne justifie pas avoir exposé des frais spécifiques à l'occasion de l'instance, n'est pas fondée à demander qu'une somme soit mise à la charge de la fondation requérante."
Interprétations et citations légales
La décision repose principalement sur des interprétations du Code de la santé publique et du Code de la justice administrative. Les articles pertinents mentionnés sont :
- Code de la santé publique - Article R. 2131-2-1 : Cet article attribue au ministre chargé de la santé le pouvoir de préciser les conditions de prescription et de réalisation des examens de diagnostic prénatal. Cela souligne que la recommandation de la HAS, bien qu’importante, demeure un avis qui oriente les actions ministérielles plutôt qu'un acte normatif direct.
- Code de la santé publique - Article R. 2131-2-2 : Il explique que c'est au ministre qu'incombe la détermination des recommandations de bonnes pratiques, renforçant l’idée que la HAS consulte et conseille, sans pour autant prendre des décisions exécutives.
- Code de justice administrative - Article R. 351-4 : Cet article fait référence aux modalités de rejet des conclusions irrecevables à la suite d’un recours pour excès de pouvoir. La décision polarisée par ce texte soutient la conclusion que la requête de la fondation Jérôme Lejeune est manifestement irrecevable.
Ces articles montrent que les instances administratives doivent respecter des processus définis par la loi, et qu'il n'est pas toujours possible d'attaquer toute forme de recommandation ou d'avis d’autorité administrative. Cette dynamique entre recommandations et décisions effectives est cruciale dans la régulation des pratiques de santé publique, et cela se reflète clairement dans cette décision du Conseil d'État.