Résumé de la décision
Dans cette affaire, la société Edenred France conteste une amende infligée par l'administration fiscale au regard d'une prétendue non-production ou d'un caractère incomplet d'un état fiscal requis. Le Conseil d'État, s'appuyant sur les dispositions de l'article 23-5 de l'ordonnance du 7 novembre 1958, a décidé de renvoyer au Conseil constitutionnel la question prioritaire de constitutionnalité (QPC) concernant la conformité des amendes prévues par l'article 1734 ter et l'article 1763 du Code général des impôts aux droits et libertés garantis par la Constitution. La décision est suspendue jusqu'à ce que le Conseil constitutionnel statuer sur la question de constitutionnalité soulevée.
Arguments pertinents
Le Conseil d'État a considéré plusieurs points cruciaux pour justifier son renvoi :
1. Applicabilité des dispositions contestées : Il a établi que les articles 1734 ter et 1763 du Code général des impôts sont applicables au litige en raison de l'application par l'administration fiscale des dites amendes. Cela est affirmé par l'énoncé : "les dispositions de ces deux articles sont applicables au présent litige[...]".
2. Non-conformité déjà statue par le Conseil constitutionnel : L'absence de déclaration de conformité à la Constitution des règles concernées a été mise en avant, permettant d'établir que "ces dispositions n'ont pas déjà été déclarées conformes à la Constitution".
3. Caractère sérieux de la question : Le Conseil a reconnu que le moyen contesté pourrait porter atteinte aux droits et libertés garantis par la Constitution, en invoquant les principes de proportionnalité et d'individualisation des peines. Cela se reflète dans la phrase : "le moyen tiré de ce qu'elles portent atteinte aux droits et libertés garantis par la Constitution... soulève une question présentant un caractère sérieux."
Interprétations et citations légales
La décision fait référence à plusieurs textes législatifs qui régissent la question des amendes fiscales. Voici un aperçu de ces textes et leurs interprétations dans le contexte de la décision :
- Code général des impôts - Article 1734 ter : Cet article stipule qu'une amende de 5 % est applicable en cas de défaut de production d'un état fiscal ou si les informations fournies sont inexactes ou incomplètes. "Il est prononcé une amende égale à 5 % des résultats omis...".
- Code général des impôts - Article 1763 : Similarité avec l'article 1734 ter, il rappelle l'imposition de l'amende de 5 % pour les mêmes motifs. "Entraîne l'application d'une amende égale à 5 % des sommes omises le défaut de production ou le caractère inexact ou incomplet des documents..."
Ces articles soulèvent des préoccupations quant à leur compatibilité avec le droit constitutionnel, en raison du risque d'arbitraire et de manque de proportionnalité dans l'application des sanctions, comme le souligne le rapport du Conseil d'État.
La réflexion critique sur ces textes vise à évaluer l'équilibre entre les prérogatives fiscales de l'État et les droits des contribuables, notamment en matière de sauvegarde contre les abus potentiels des sanctions fiscales. Le renvoi de la question au Conseil constitutionnel représente une étape essentielle pour garantir que la législation fiscale reste conforme aux standards constitutionnels et assure une protection adéquate des droits des citoyens.