Résumé de la décision :
M. et Mme A...B... ont contesté, par un pourvoi en cassation, l'arrêt de la cour administrative d'appel de Paris du 11 décembre 2012 qui avait rejeté leur appel. Ils demandaient la décharge de suppléments d'impôt sur le revenu et de rappels de taxe sur la valeur ajoutée pour les années 2000 et 2001. Le tribunal administratif avait fait droit à certaines de leurs demandes, mais la cour d'appel avait confirmé la légalité des redressements opérés par l'administration fiscale. En conclusion, le Conseil d'État a rejeté le pourvoi, estimant que l'administration était fondée à réhausser les revenus imposables des requérants sur la base des bénéfices réalisés par une société créée de fait.Arguments pertinents :
1. Sur la jonction des affaires : Le Conseil d'État rappelle que le juge administratif a la faculté de joindre plusieurs affaires sans que cela ne remette en cause la régularité de la décision rendue. Les requérants n'ont pas démontré d'irrégularité qui justifierait l'annulation de l'arrêt. À ce sujet, il est indiqué que : "la jonction est, par elle-même, insusceptible d’avoir un effet sur la régularité de la décision rendue".2. Sur l'imposition des sociétés créées de fait : Le Conseil d'État a confirmé que l'article 238 bis L du code général des impôts prévoit l'imposition des bénéfices des sociétés créées de fait selon les règles des sociétés en participation, mais seulement pour la détermination des résultats, sans préjuger de l'option pour l'impôt sur les sociétés. Il est précisé que : "l’administration était fondée, après avoir procédé à la rectification des résultats de la société créée de fait, à rehausser les revenus imposables de M. et Mme A...B... ".
Interprétations et citations légales :
1. Jonction des affaires : La décision du tribunal d'administrer plusieurs demandes de manière conjointe est conforme à une bonne administration de la justice. Le Code de justice administrative envisage cette possibilité pour assurer plus d'efficacité dans le traitement des affaires.2. Régime fiscal des sociétés créées de fait : Le texte de l'article 238 bis L du Code général des impôts pose la base pour l'imposition des sociétés créées de fait. Il est stipulé que : "Les bénéfices réalisés par les sociétés créées de fait sont imposés selon les règles prévues au présent code pour les sociétés en participation". Ce cadre permet à l'administration fiscale de rectifier les résultats de la société sans que cette dernière n'ait besoin d'opter pour l'impôt sur les sociétés, ce qui est précisé dans l'article 206, 4° du Code : "l'impôt sur les sociétés s'applique, sous réserve des dispositions de l'article 1655 ter (...) dans les sociétés en participation (...) à la part de bénéfices correspondant aux droits (...) des associés autres que ceux indéfiniment responsables".
Cette décision souligne l'importance des dispositions du cadre réglementaire fiscal en matière de sociétés créées de fait et l'importance d'une administration rigoureuse des impositions.