Résumé de la décision
La société Editions Atlas a formé un pourvoi contre un arrêt de la cour administrative d'appel de Douai, qui a rejeté sa demande de décharge du supplément d'impôt sur les sociétés relatif à des provisions pour créances douteuses. L'administration fiscale avait contesté certaines de ces provisions, les jugeant non conformes aux conditions de déductibilité prévues par le code des impôts. Le Conseil d'État a rejeté le pourvoi de la société, confirmant que les provisions en question ne remplissaient pas les critères requis pour être admises en déduction.
Arguments pertinents
L'arrêt du Conseil d'État repose sur plusieurs arguments clés concernant la validité des provisions pour créances douteuses :
1. Absence d'événements probants : La cour a constaté qu'aucun événement n'était survenu durant l'exercice 2008 pour rendre probable un impayé, justifiant ainsi le rejet des provisions. La décision souligne que "en l'absence de tout événement né au cours de ce dernier exercice et rendant probable un impayé, les provisions correspondantes ne remplissaient pas les conditions prévues par les dispositions précitées de l'article 39 du code général des impôts".
2. Évaluation statistique : Bien que la société puisse se baser sur des méthodes statistiques en raison de son nombre de clients et des modalités de paiement, cette approche ne pouvait se substituer à des événements concrets survenus durant l'exercice concerné. Le Conseil d'État a affirmé que les incidents de paiement antérieurs, en l'absence de relances, ne suffisent pas à établir la date de probable perte de créances.
Interprétations et citations légales
Les articles du Code général des impôts appliqués dans cette décision sont interprétés de manière stricte, surtout en ce qui concerne les provisions pour dépréciation.
- Code général des impôts - Article 39 : Cet article stipule les conditions de déductibilité des provisions dans le calcul du bénéfice net, notamment que celles-ci doivent être "effectivement constatées" et que les pertes doivent être "probables eu égard aux circonstances constatées à la date de clôture de l'exercice".
- Application des conditions : Le Conseil d'État rappelle l'importance de démontrer qu'il existe un risque objectif et vérifiable d'impayé au moment de la clôture. La décision met en avant qu'« en l'absence de tout événement en cours à la date de clôture », les provisions ne peuvent pas être qualifiées de déductibles.
Dans ce cas, l'interprétation des événements "rendant probable" les créances douteuses est essentielle, et le Conseil d'État a clairement établi que les simples antécédents de paiement ne suffisent pas à établir une provision conforme aux exigences légales. Cette décision confirme ainsi la nécessité pour les entreprises d'établir une preuve tangible de la probabilité d'un impayé afin de pouvoir déduire ces provisions des bénéfices imposables.