Résumé de la décision
L'affaire concerne les époux A...-B..., gérants d'une SARL, qui ont fait l'objet de cotisations supplémentaires d'impôt sur le revenu pour les années 2006 à 2008. Après un jugement initial du tribunal administratif d'Amiens ayant rejeté leur demande de décharge, la cour administrative de Douai a accordé la décharge partielle de ces cotisations pour les années 2006 et 2007. Le ministre de l'action et des comptes publics a formé un pourvoi en cassation contre cette décision. La haute juridiction a annulé la décision de la cour, estimant que celle-ci avait commis une erreur de droit en ne vérifiant pas si les époux pouvaient effectivement accéder aux documents que l'administration fiscale ne leur avait pas communiqués.
Arguments pertinents
1. Recherche de l'accessibilité des documents : La cour administrative a statué que l'absence de communication des relevés de compte bancaire a privé les époux A...-B... de la garantie prévue par l'article L. 76 B du livre des procédures fiscales. Cependant, la décision de la cour a été annulée parce qu'elle n'a pas examiné si ces documents étaient effectivement accessibles à M. et Mme A...-B..., comme le stipule la législation fiscale.
2. Obligation d’information de l’administration fiscale : Selon les stipulations de l'article L. 76 B du livre des procédures fiscales, « l'administration est tenue d'informer le contribuable de la teneur et de l'origine des renseignements et documents obtenus de tiers ». La haute juridiction souligne que cette obligation de communication doit être respectée, mais seulement si les documents ne sont pas accessibles directement au contribuable concerné.
Interprétations et citations légales
- Article L. 76 B du livre des procédures fiscales : Cet article impose à l'administration de certifier au contribuable la nature des documents utilisés pour fonder l'imposition. Il est crucial que l'administration respecte cette obligation avant la mise en recouvrement des impositions, c'est-à-dire avant que le contribuable soit appelé à payer.
> "L'administration est tenue d'informer le contribuable de la teneur et de l'origine des renseignements et documents obtenus de tiers sur lesquels elle s'est fondée pour établir l'imposition."
- Erreur de droit relevée : La cour a omis de considérer que, dans certains cas, le contribuable peut avoir accès directement et effectivement aux documents détenus par l'administration. L'erreur commise par la cour administrative de Douai réside dans le fait qu'elle n'a pas vérifié cette accessibilité :
> "En jugeant qu'en l'absence de communication de ces relevés de compte bancaire, les intéressés ont été privés de la garantie prévue par l'article L. 76 B du livre des procédures fiscales, sans rechercher si ceux-ci ne pouvaient accéder eux-mêmes, effectivement et directement, à ces documents, la cour a commis une erreur de droit."
Cette décision met ainsi en lumière l'équilibre que doit respecter l'administration fiscale entre son obligation d'informer et la réalité de l'accès aux documents, ce qui est essentiel pour garantir les droits des contribuables.