Résumé de la décision
Dans l'arrêt du 18 mai 2018, la cour administrative d'appel de Nancy a refusé de transmettre au Conseil d'État une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) concernant la conformité des dispositions du 2° de l'article 150-0 D ter du code général des impôts aux droits et libertés garantis par la Constitution. M. et Mme A... contestaient les cotisations supplémentaires d'impôt sur le revenu relatives aux années 2008 et 2010. Ils ont formé un pourvoi en cassation pour demander le renvoi de la QPC au Conseil constitutionnel, affirmant que ces dispositions enfreignent le principe d'égalité. Le Conseil d'État a décidé qu'il n'y avait pas lieu de renvoyer la question au Conseil constitutionnel.
Arguments pertinents
1. Refus de transmission : Le Conseil d'État a statué que le refus de la cour administrative d'appel de transmettre la QPC au Conseil constitutionnel était justifié. En effet, M. et Mme A... avaient soulevé une question de constitutionnalité identique à celle déjà présentée, ce qui ne permettait pas de répondre favorablement à leur nouvelle demande.
2. Conditions de recevabilité : Le Conseil d'État a rappelé les conditions de recevabilité des QPC, stipulant que pour contester un refus de transmission, il faut présenter un mémoire distinct, motivé, et ce, dans le délai de recours contentieux. Cette exigence s'inscrit dans le cadre des articles 23-1 et 23-2 de l'ordonnance du 7 novembre 1958.
Interprétations et citations légales
L'analyse des dispositions législatives pertinemment appliquées par le Conseil d'État révèle plusieurs points clés :
- Ordonnance n° 58-1067, article 23-1 : Cet article impose que “Devant les juridictions relevant du Conseil d'État ou de la Cour de cassation, le moyen tiré de ce qu'une disposition législative porte atteinte aux droits et libertés garantis par la Constitution est, à peine d'irrecevabilité, présenté dans un écrit distinct et motivé.”
- Ordonnance n° 58-1067, article 23-2 : Il précise que “le refus de transmettre la question ne peut être contesté qu'à l'occasion d'un recours contre la décision réglant tout ou partie du litige.”
- Code de justice administrative, article R. 771-16 alinéa 1 : Cet alinéa renforce l'exigence de présentation de la contestation de manière motivée et dans les délais légaux : “Lorsque l'une des parties entend contester devant le Conseil d'État, à l'appui d'un appel ou d'un pourvoi en cassation formé contre la décision qui règle tout ou partie du litige, le refus de transmission d'une question prioritaire de constitutionnalité précédemment opposé, il lui appartient, à peine d'irrecevabilité, de présenter cette contestation avant l'expiration du délai de recours… ”
Ces énoncés illustrent non seulement les exigences formelles à respecter lors de la soumission d'une QPC, mais également la nécessité de préserver l'ordre juridique en évitant les demandes redondantes sur des questions déjà examinées. Le refus de la cour administrative d'appel est donc fermement ancré dans le respect de ces règles procédurales.