Résumé de la décision
La société La Maison de Pigalle, exploitant un établissement de restauration rapide sous l’enseigne "O'Tacos", a contesté un arrêté de fermeture de son établissement pris par le préfet de police, au motif que cet arrêté porterait atteinte à la liberté du commerce et de l'industrie. En raison d'une situation de travail illégal impliquant au moins huit salariés, ainsi que l'absence de déclarations sociales, le préfet a ordonné une fermeture temporaire de soixante-quinze jours. Le juge des référés du tribunal administratif de Paris a rejeté la requête de la société, considérant que la décision du préfet n'était pas grave et manifestement illégale.
Arguments pertinents
1. Condition d'urgence : Le juge a expliqué que la société n’a pas démontré de manière convaincante que la fermeture compromettrait gravement son activité. Il a affirmé que "la société n'établit pas que le préfet de police s'est fondé sur des faits erronés pour retenir l'infraction de travail dissimulé".
2. Liberté du commerce et de l'industrie : La décision de fermeture a été jugée conforme à la législation sur le travail dissimulé et les obligations fiscales et sociales. Le préfet a agi dans son périmètre de compétence, et la fermeture ne porte pas atteinte de manière illégale à la liberté commerciale, comme le confirme l’article L. 521-2 du code de justice administrative.
3. Erreurs manifestes : L’argument de la société selon lequel il y aurait eu une erreur manifeste d’appréciation a été rejeté. Le juge a noté que les éléments factuels avancés par la société ne permettaient pas de remettre en cause la légitimité de l’arrêté préfectoral.
Interprétations et citations légales
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1. Code de justice administrative - Article L. 521-2
Cet article donne au juge des référés la compétence de protéger une liberté fondamentale lorsque celle-ci est affectée de manière grave et manifestement illégale : "Les mesures nécessaires à la sauvegarde d'une liberté fondamentale à laquelle une personne morale de droit public ou un organisme de droit privé chargé de la gestion d'un service public aurait porté, dans l'exercice d'un de ses pouvoirs, une atteinte grave et manifestement illégale" (CJA - Art. L. 521-2).#
2. Code du travail - Article L. 8272-2
Cet article stipule que l'autorité administrative peut ordonner la fermeture d'un établissement en raison de la constatation d'infractions au travail dissimulé : "lorsque l'autorité administrative a connaissance d'un procès-verbal ... elle peut ... ordonner par décision motivée la fermeture de l'établissement ... à titre temporaire et pour une durée ne pouvant excéder trois mois" (CT - Art. L. 8272-2).#
3. Code du travail - Article L. 8211-1
Cet article définit le travail illégal, incluant le travail dissimulé et l'emploi d'un étranger sans autorisation de travailler : "sont constitutives de travail illégal ... le travail dissimulé; ... l'emploi d'étranger non autorisé à travailler" (CT - Art. L. 8211-1).#
4. Code du travail - Article L. 8221-5
Cet article précise les conditions dans lesquelles un travail est réputé dissimulé, notamment par la non-déclaration des salariés : "est réputé travail dissimulé par dissimulation d'emploi salarié le fait pour tout employeur ... de se soustraire intentionnellement aux déclarations relatives aux salaires ou aux cotisations sociales" (CT - Art. L. 8221-5).Ces articles de loi ont été appliqués pour évaluer la légalité de l'arrêté de fermeture et la situation de la société, renforçant la décision du juge qui a estimé que les conditions de la fermeture étaient justifiées par les infractions constatées.