Résumé de la décision
La décision concerne une question prioritaire de constitutionnalité suscitée par la Société nationale d'exploitation industrielle des tabacs et allumettes (SEITA) à l'égard de certaines dispositions du code de la santé publique. Ces dispositions imposent aux fabricants et importateurs de produits du tabac de fournir gratuitement des équipements de détection d'éléments authentifiants. Le Conseil d'État a décidé de renvoyer au Conseil constitutionnel la question de la conformité à la Constitution du dernier alinéa du III de l'article L. 3512-25 et du 6° de l'article L. 3512-26, tout en rejetant le renvoi concernant l'article L. 3515-4. La procédure est suspendue jusqu'à la décision du Conseil constitutionnel.
Arguments pertinents
1. Applicabilité au litige : Le Conseil d'État a constaté que les courriers contestés mettaient en œuvre les dispositions du dernier alinéa du III de l'article L. 3512-25, ce qui les rend applicables au litige. En revanche, les dispositions du II de l'article L. 3515-4 n'étaient pas directement mises en œuvre dans les courriers, justifiant leur exclusion du renvoi.
> "Cette disposition, ainsi que celles du 6° de l'article L. 3512-26... doivent par suite être regardées comme applicables au litige."
2. Caractère sérieux de la question : Il a été jugé que les dispositions contestées n'avaient pas été déclarées conformes à la Constitution auparavant, et le moyen soulevé par la SEITA présentait un caractère sérieux. Cela a justifié le renvoi au Conseil constitutionnel.
> "Le moyen tiré de ce qu'elles portent atteinte aux droits et libertés garantis par la Constitution soulève une question présentant un caractère sérieux."
Interprétations et citations légales
Le Conseil d'État a interprété les dispositions législatives selon les critères de recevabilité fixés par l'ordonnance du 7 novembre 1958, notamment l'article 23-5 qui précise les conditions dans lesquelles une question prioritaire de constitutionnalité peut être soulevée.
1. Ordonnance n° 58-1067 du 7 novembre 1958 - Article 23-5 : Ce texte dispose qu'une disposition législative ne peut être contestée qu'à condition qu'elle soit applicable au litige et qu'elle n'ait pas déjà été déclarée conforme par le Conseil constitutionnel.
2. Code de la santé publique - Article L. 3512-25 : Ce texte impose que les produits du tabac aient un dispositif de sécurité infalsifiable, précisant que les équipements nécessaires à cette détection doivent être fournis gratuitement.
3. Code de la santé publique - Article L. 3512-26 : Ce texte renvoie à un décret en Conseil d'État pour les conditions d'application des dispositions relatives à la traçabilité et à la sécurité des produits du tabac.
> "Les équipements nécessaires à la détection des éléments authentifiants sont fournis gratuitement par les fabricants et importateurs aux agents des administrations chargées de les contrôler."
Ainsi, le Conseil d'État a bien fait la distinction entre des dispositions directement mises en cause et celles qui ne se rattachaient pas à l'objet des courriers contestés, ce qui a orienté sa décision de renvoi.