Résumé de la décision
La décision porte sur une requête de M. B..., visant à obtenir l'autorisation d'agir en justice au nom de la communauté de communes pays d'Evian - vallée d'Abondance pour déposer une plainte contre M. A..., maire de Thollon-les-Mémises, pour prise illégale d'intérêt en raison de son implication dans la construction d'un collecteur d'assainissement. Le tribunal administratif de Grenoble a rejeté cette demande, considérant que l'action pénale envisagée n'avait pas de chance de succès. Le tribunal a également condamné M. B... à payer la somme de 3 000 euros à la communauté de communes au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative.
Arguments pertinents
L’évaluation de la requête de M. B... repose sur plusieurs points juridiques :
1. Droit d'action des contribuables : Selon l'article L. 5211-58 du code général des collectivités territoriales, "Tout contribuable inscrit au rôle de la commune a le droit d'exercer... les actions qu'il croit appartenir aux établissements publics de coopération intercommunale...". Cependant, le tribunal souligne qu'il doit vérifier si l'action envisagée présente un intérêt matériel pour l'établissement et a une chance de succès.
2. Absence de prise illégale d'intérêt : La décision souligne que M. A... n'était pas engagé dans l'acte d'assurer la surveillance ou la gestion du collecteur d'assainissement puisqu'il n’était pas responsable de la prise de décision au moment de l'attribution du marché, ce qui le dégage de toute responsabilité au sens de l'article 432-12 du code pénal.
Citation pertinente : "il n'apparaît pas que M.A..., maire de Thollon-les-Mémises... ait exercé la surveillance, l'administration, la liquidation ou le paiement...".
3. Conséquence du rejet de la requête : En raison de l'absence de chance de succès de la plainte envisagée, le tribunal n'a pas jugé nécessaire d'examiner d'autres moyens de la requête de M. B...
Interprétations et citations légales
L'analyse de cette décision implique plusieurs interprétations des textes légaux cités :
- Code général des collectivités territoriales - Article L. 5211-58 : Cet article permet aux contribuables d'agir au nom des EPCI à condition que leur action soit justifiée par un intérêt matériel et une chance de succès. Le tribunal estime ici que M. B... n'apporte pas preuve d'un tel intérêt ni d'une chance à sa plainte.
- Code pénal - Article 432-12 : Il définit le délit de prise illégale d'intérêt et précise que pour qu'une personne soit condamnée, elle doit avoir eu un rôle actif dans la surveillance ou l'administration d'une opération dans laquelle elle a un intérêt. Le tribunal a interprété que M. A... ne répondait pas à cette condition en raison de la manière dont la décision de construction avait été prise.
Citation pertinente : "le fait, par une personne... deprendre, recevoir ou conserver... un intérêt quelconque dans une entreprise ou une opération dont elle a, au moment de l'acte, en tout ou partie, la charge d'assurer...".
Cette décision illustre ainsi l'importance d'un lien direct entre la prise de décision et l'intérêt personnel pour établir une prise illégale d'intérêt, ainsi que le rôle restreint des tribunes administratives en matière d'autorisation d'agir en justice pour les contribuables.