Résumé de la décision
La cour administrative d'appel a annulé une ordonnance rendue par le président de la première chambre de la cour administrative d'appel de Bordeaux, qui avait rejeté comme manifestement dépourvu de fondement l'appel des sociétés L'immobilière groupe Casino et Distribution Casino France contre un jugement de rejet d'une demande d'annulation d'un permis de construire. Cette annulation est fondée sur une violation des principes du contradictoire, car les appelants n'ont pas eu la possibilité de produire leurs observations. L'affaire est renvoyée à la même cour, avec une mise à la charge de la commune de Decazeville et de la SCCV Decazeville développement d'indemniser les sociétés requérantes.
Arguments pertinents
1. Violation du caractère contradictoire : La cour considère que le droit au respect du contradictoire a été méconnu, car les sociétés appelantes n'ont pas été mises en mesure de répondre efficacement aux mémoires en défense. La cour évoque que "d'une part, une telle indication ne permettait pas à ces sociétés… de connaître le délai dans lequel elles étaient autorisées à produire leurs observations".
2. Nullité de l'ordonnance : L'ordonnance attaquée est annulée en raison de cette irrégularité procédurale. La cour souligne que, "dès lors… l'ordonnance attaquée, rendue à l'issue d'une procédure irrégulière, doit être annulée."
3. Décision sur les frais : La cour accorde une somme de 750 euros par société aux appelants, au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative. Elle précise que "les dispositions de cet article font, en revanche, obstacle à ce qu'il soit fait droit aux conclusions" de la commune et de la SCCV.
Interprétations et citations légales
1. Article R. 222-1 du code de justice administrative :
- Cet article permet aux présidents des formations de jugement de rejeter des requêtes manifestement dépourvues de fondement. La cour interprète ce texte en notant que "ces dispositions, qui ne modifient pas des éléments constitutifs du droit de former un appel contre une décision d'un tribunal administratif, étaient d'application immédiate aux instances en cours au 1er janvier 2017."
2. Article L. 761-1 du code de justice administrative :
- Cet article concerne la prise en charge des frais de justice et l'attribution d'indemnités aux parties qui ont obtenu gain de cause. La cour justifie son recours à cet article en affirmant qu'il "y a lieu […] de mettre à la charge tant de la commune de Decazeville que de la SCCV Decazeville développement le versement à la société L'immobilière groupe Casino et à la société Distribution Casino France d'une somme de 750 euros chacune."
Cette décision illustre l'importance des droits procéduraux, en particulier le droit au contradictoire, et souligne les implications des principes de procédure administrative pour la légitimité des décisions prises.