Résumé de la décision
La décision concerne une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) soulevée par le tribunal administratif de Versailles, relative à l'article L. 600-5-1 du code de l'urbanisme. Cet article permet au juge administratif de surseoir à statuer sur des conclusions dirigées contre un permis de construire, de démolir ou d'aménager, afin de permettre la régularisation d'un vice pouvant entraîner l'illégalité de l'acte. Le Conseil d'État a décidé qu'il n'y avait pas lieu de renvoyer cette question au Conseil constitutionnel, considérant que la question soulevée n'était pas nouvelle et ne présentait pas un caractère sérieux.
Arguments pertinents
1. Conditions de la QPC : Le Conseil d'État rappelle que pour qu'une QPC soit transmise au Conseil constitutionnel, il faut que la disposition contestée soit applicable au litige, qu'elle n'ait pas déjà été déclarée conforme, et que la question soit nouvelle ou sérieuse. En l'espèce, la question soulevée ne répondait pas à ces critères.
2. Régularisation des actes d'urbanisme : L'article L. 600-5-1 du code de l'urbanisme permet au juge de surseoir à statuer pour permettre la régularisation d'un acte illégal, à condition qu'une autorisation d'urbanisme puisse légalement intervenir. Le Conseil d'État souligne que cette procédure ne porte pas atteinte aux droits des requérants, notamment en ce qui concerne le droit à un recours effectif.
> "Ces dispositions [...] se bornent, sans affecter la substance du droit au recours ni porter atteinte à aucun des droits des requérants, à instituer des règles de procédure concernant exclusivement les pouvoirs du juge administratif en matière de contentieux de l'urbanisme."
3. Droit à un procès équitable : Le Conseil d'État conclut que les dispositions de l'article L. 600-5-1 ne portent pas atteinte au principe d'égalité devant la loi, aux droits de la défense, ni au droit à un procès équitable, garantis par la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789.
> "Ni ces dispositions, ni leur entrée en vigueur immédiate [...] ne peuvent être regardées comme portant atteinte au principe d'égalité devant la loi, aux droits de la défense et au droit à un procès équitable."
Interprétations et citations légales
1. Article L. 600-5-1 du code de l'urbanisme : Cet article permet au juge administratif de surseoir à statuer sur des recours contre des permis d'urbanisme pour permettre la régularisation d'éventuels vices. Le Conseil d'État précise que cette possibilité est conditionnée par la légalité d'une éventuelle autorisation de régularisation.
> "Le juge administratif [...] sursoit à statuer [...] jusqu'à l'expiration du délai qu'il fixe pour cette régularisation."
2. Article 16 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 : Cet article garantit le droit à un procès équitable. Le Conseil d'État affirme que les nouvelles dispositions ne portent pas atteinte à ce droit.
> "Les critiques tirées de ce que l'article L. 600-5-1 [...] porterait atteinte au droit à un recours juridictionnel effectif [...] ne présentent pas non plus un caractère sérieux."
3. Article L. 761-1 du code de justice administrative : Cet article traite des frais de justice et des honoraires d'avocat. Le Conseil d'État indique que le fait que le juge rejette les conclusions du requérant ne doit pas automatiquement le considérer comme la partie perdante.
> "La seule circonstance que le juge rejette finalement les conclusions [...] ne devrait pas [...] conduire le juge à regarder nécessairement le requérant comme étant, dans l'instance, la partie perdante pour l'essentiel."
En conclusion, le Conseil d'État a jugé que la question de constitutionnalité soulevée n'était pas sérieuse et a décidé de ne pas la transmettre au Conseil constitutionnel, tout en affirmant la légalité et la constitutionnalité des dispositions de l'article L. 600-5-1 du code de l'urbanisme.