Résumé de la décision
La décision concerne le décret par lequel le Premier ministre français a accordé aux autorités serbes l’extradition de M. A...B..., condamné à une peine de cinq ans et cinq mois de prison pour des faits de fabrication, détention et trafic illicite de stupéfiants. M. B... a contesté ce décret par le biais d'une requête en annulation pour excès de pouvoir. Le tribunal a rejeté la requête, confirmant la légalité de l'extradition.
Arguments pertinents
1. Validité des signatures :
Le décret a été signé par le Premier ministre et contresigné par la ministre de la justice, bien que l'ampliation notifiée à M. B... ne comporte pas de signatures. La cour a conclu que cela n'affecte pas sa légalité : "la circonstance que l'ampliation notifiée à M. B...ne comporte pas ces signatures est sans incidence sur la légalité du décret attaqué".
2. Spécialité de la condamnation :
L'extradition a été accordée exclusivement pour la peine prononcée dans le jugement de la cour supérieure de Nis daté du 9 avril 2012. La cour a souligné que c'était aux autorités serbes de déterminer la durée de la peine à exécuter, ce qui consacre le respect de la règle de spécialité énoncée dans l'article 14 de la convention européenne d'extradition. La cour a déclaré : "le moyen tiré de la violation de la règle de la spécialité... n'est pas fondé".
3. Droit au respect de la vie familiale :
Bien qu’une extradition puisse porter atteinte au droit au respect de la vie familiale, la cour a noté que cette atteinte est justifiée dans l’intérêt de l’ordre public et que M. B... n’a pas fourni de précisions suffisantes à cet égard : "le moyen tiré de la violation des stipulations de l'article 8... ne peut qu'être écarté".
4. Caractère définitif de la condamnation :
La cour a également indiqué qu'il n'y a pas d'exigence dans la convention européenne d'extradition que la condamnation soit définitive au moment de l’extradition. Par conséquent, le fait qu'un recours ait été formé devant la Cour constitutionnelle de Serbie ne remet pas en cause l’extradition : "aucune stipulation... n’impose que cette peine ait acquis un caractère définitif".
Interprétations et citations légales
1. Convention européenne d'extradition :
L'article 14 de cette convention stipule la règle de spécialité, qui précise que la personne extradée ne peut être poursuivie que pour les infractions pour lesquelles l'extradition a été accordée, renforçant ainsi la sécurité juridique de l’extradé.
2. Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme :
L'article 8 protège le droit au respect de la vie privée et familiale, mais la cour a interprété que des mesures d'extradition sont justifiables sous certaines conditions, notamment pour maintenir l’ordre public.
3. Code de justice administrative - Article L. 761-1 :
Cet article précise les conditions dans lesquelles les frais de justice peuvent être alloués et indique que dans ce cas, M. B... ne peut pas obtenir de remboursement des frais engagés pour contester la décision d’extradition : "les dispositions de l'article L. 761-1 du code de justice administrative font obstacle à ce qu'il soit fait droit aux conclusions présentées".
En résumé, la décision confirme que les exigences procédurales et substantielles de l'extradition ont été respectées et que les raisons invoquées par M. B... pour contester l'extradition ne sont pas légalement fondées.