Résumé de la décision
Dans cette affaire, Mmes E... et D... ainsi que M. C... ont contesté devant le tribunal administratif de Marseille un arrêté du préfet des Bouches-du-Rhône déclarant cessibles certains immeubles au profit de la société Marseille Aménagement pour l'aménagement du pôle technologique de Marseille Château-Gombert. Le tribunal administratif a annulé l'arrêté le 30 avril 2003, mais cet arrêt a été annulé par la cour administrative d'appel de Marseille le 5 février 2007. Le ministre d'État, ministre de l'intérieur, a alors demandé l'annulation de cet arrêt dans l'intérêt de la loi. Le Conseil d'État a finalement annulé l'arrêt de la cour, considérant qu'elle avait commis une erreur de droit en ne tenant pas compte de l'illégalité de la première prorogation de la déclaration d'utilité publique.
Arguments pertinents
1. Principe de l'opération complexe : Le Conseil d'État a affirmé que l'arrêté de cessibilité et la déclaration d'utilité publique, ainsi que leurs éventuelles prorogations, constituent des éléments d'une même opération complexe. Cela signifie que la légalité d'un acte peut être remise en question en raison de l'illégalité d'un autre acte associé. Le Conseil a indiqué qu'un requérant peut se prévaloir de l'illégalité de la première prorogation, même si la seconde prorogation n'est pas contestée.
2. Erreur de droit : Le Conseil d'État a constaté que la cour administrative d'appel de Marseille avait erronément jugé que l'illégalité de la première prorogation n'avait pas d'impact sur la légalité de l'arrêté de cessibilité. Ce constat constitue la base de la demande d'annulation dans l'intérêt de la loi.
3. Droit applicable : La décision se fonde sur le Code de l'expropriation pour cause d'utilité publique. Le Conseil a précisé que toute prorogation au-delà de la première prévue par l'article L. 11-5 doit être approuvée par décret en Conseil d'État.
Interprétations et citations légales
Le Conseil d'État se réfère à l'article L. 11-5 du Code de l'expropriation pour cause d'utilité publique, qui stipule que :
- "L'acte déclarant l'utilité publique précise le délai pendant lequel l'expropriation devra être réalisée."
- "Lorsque le délai accordé pour réaliser l'expropriation n'est pas supérieur à cinq ans, un acte pris dans la même forme que l'acte déclarant l'utilité publique peut, sans nouvelle enquête, proroger une fois les effets de la déclaration d'utilité publique pour une durée au plus égale."
Cela indique clairement que les prorogations doivent être limitées et conditionnées, ce qui encadre juridiquement les conditions sous lesquelles la déclaration d'utilité publique peut être prolongée.
Le Conseil d'État a également souligné que « l'illégalité de la première prorogation de la déclaration d'utilité publique était dépourvue d'incidence sur la légalité de l'arrêté de cessibilité attaqué » dans le jugement de la cour administrative d'appel, ce qui a été jugé comme une application erronée du droit. Cette constatation s'inscrit dans l'importance juridique que revêt le lien entre la déclaration d'utilité publique et l'arrêté de cessibilité dans un projet d'expropriation.
Ainsi, le Conseil d'État a statué que l'arrêt contesté devait être annulé dans l'intérêt de la loi, réaffirmant ainsi la nécessité de respecter le cadre procédural établi par le Code de l'expropriation.