Résumé de la décision
Dans cette affaire, M. B... D... avait obtenu, par décret du 22 novembre 2019, l'autorisation de changer son nom pour adopter le nom " de C... ", ce dernier étant celui de M. A... G... C..., avec qui il prétendait avoir un lien de filiation établi par la possession d'état. Toutefois, M. A... G... C... et d'autres membres de sa famille ont formé opposition à ce décret, arguant qu'ils avaient engagé une action en contestation de filiation devant le tribunal judiciaire. Le tribunal a décidé d'annuler le décret, considérant que les opposants, ayant justifié un intérêt légitime et un préjudice suffisant, étaient fondés à demander l'annulation.
Arguments pertinents
1. Intérêt légitime et préjudice suffisant : Le tribunal a statué que M. A... G... C... et E... G... C..., en poursuivant une action en contestation de filiation, justifiaient d'un intérêt légitime pour s'opposer au changement de nom de M. D.... La décision souligne que « les consorts G... C... justifient, à la date de la présente décision, d'un préjudice suffisant pour s'opposer au changement de nom décidé par le décret attaqué ».
2. Contrôle du décret : L'arrêt a affirmé que l'opposition au décret ne nécessitait pas de surseoir à statuer en attendant que l'autorité judiciaire se prononce sur la contestation de filiation, démontrant ainsi la primauté du droit de s'opposer à un changement de nom lorsqu'un lien de filiation est contesté.
Interprétations et citations légales
1. Droit au changement de nom : Selon le Code civil - Article 61, toute personne ayant un intérêt légitime peut demander à changer de nom. Cette disposition permet un équilibre entre le droit individuel de changement de nom et la protection des liens de filiation. La décision mentionne : « Toute personne qui justifie d'un intérêt légitime peut demander à changer de nom ».
2. Filiation et contestation : Les règles concernant la filiation sont posées dans le Code civil - Article 310-3 et suivante, qui précisent que la filiation est prouvée par l'acte de naissance, acte de reconnaissance ou acte de notoriété. Ces articles encadrent le processus de contestation de la filiation, stipulant que « la filiation établie par la possession d'état peut être contestée par toute personne qui y a intérêt en rapportant la preuve contraire, dans le délai de dix ans à compter de la délivrance de l'acte » (Code civil - Article 335).
3. Procédure administrative : La décision s'inscrit également dans le cadre des procédures administratives en matière de justice où l'article L. 761-1 du Code de justice administrative empêche d'imposer des frais à la partie qui n'est pas perdante dans l'instance. Dans ce cas, les conclusions financières à l'encontre de l'État ont été rejetées, car les requérants n’étaient pas la partie perdante : « Les dispositions de l'article L. 761-1 du code de justice administrative font obstacle à ce qu'une somme soit mise à ce titre à la charge des requérants qui ne sont pas, dans la présente instance, la partie perdante ».
Ainsi, cette décision représente une consultation équilibrée entre le droit individuel de modification de nom et les droits de filiation, mineurs mais essentiels, renforçant les conditions dans lesquelles une contestation peut avoir lieu.