Résumé de la décision
M. B... A..., ressortissant marocain, a demandé l'annulation du décret du Premier ministre du 22 novembre 2019 lui refusant l'acquisition de la nationalité française suite à son mariage avec une citoyenne française. Le Conseil d'État a jugé que le refus était fondé sur des motifs d'indignité liés à des faits criminels anciens, dont M. A... avait été partiellement acquitté des charges les plus graves. En conséquence, le Conseil a annulé le décret et a ordonné à l'État de verser 3 000 euros à M. A... au titre des frais de justice.
Arguments pertinents
1. Application erronée des dispositions légales : Le Conseil d'État a critiqué le Premier ministre pour avoir mal interprété les faits en relation avec l'indignité de M. A... à acquérir la nationalité française. Il a été démontré que bien que M. A... ait des antécédents judiciaires, il avait été jugé non coupable concernant la gravité des accusations liées au terrorisme.
- Citation pertinente : « Le Premier ministre, qui n'apporte aucun autre élément au soutien de sa décision, a fait une inexacte application des dispositions de l'article 21-4 du code civil. »
2. L'équilibre entre les antécédents judiciaires et la réinsertion : La décision reconnaît que des faits criminels anciens ne sauraient suffire à justifier le refus d'acquisition de la nationalité, particulièrement lorsque les circonstances et la gravité des infractions sont discutables.
- Citation pertinente : « [...] M. A... a fait l'objet d'une décision de non-lieu pour le chef d'association de malfaiteurs ayant pour objet de préparer un acte de terrorisme. »
Interprétations et citations légales
1. Code civil - Article 21-2 : Cet article stipule que l'étranger marié à un citoyen français peut acquérir la nationalité française sous certaines conditions, notamment la continuité de la vie commune. L'acquisition est conditionnée par une valeur d'intégrité ("indignité") qui doit être évaluée sans préjugements liés à des incidents passés, en tenant compte de la réhabilitation potentielle du requérant.
2. Code civil - Article 21-4 : Cet article permet au Gouvernement d'opposer un refus à l'acquisition de la nationalité française pour des motifs d'indignité ou de défaut d'assimilation. Cependant, ce pouvoir doit être exercé avec prudence et doit reposer sur des preuves tangibles et actuelles de l'indignité.
- Citation pertinente : « Le Gouvernement peut s'opposer par décret en Conseil d'Etat, pour indignité ou défaut d'assimilation, à l'acquisition de la nationalité française. »
Cette décision renforcit le principe selon lequel les antécédents judiciaires d'une personne ne doivent pas, à eux seuls, conduire à des décisions qui compromettent ses droits, surtout lorsque celles-ci ne sont pas fondées sur des preuves solides d'indignité actuelle.