Résumé de la décision
Dans cette affaire, M. A... U... a demandé, le 20 mai 2015, à changer de nom afin d'ajouter le nom de sa grand-mère maternelle, "T...", pour éviter son extinction. Le garde des sceaux a rejeté cette demande le 28 mars 2018. M. U... a contesté cette décision, et après un jugement en sa faveur du tribunal administratif de Paris, la cour administrative d'appel de Paris a également confirmé ce jugement le 20 mai 2020. Le ministre de la justice a alors pourvu en cassation contre cet arrêt. Le Conseil d'Etat a annulé l'arrêt de la cour administrative d'appel, statuant que celle-ci avait commis une erreur de droit en jugeant qu’il n’est pas nécessaire d’établir que l'ascendant porteur du nom a eu la nationalité française pour justifier un intérêt légitime au changement de nom.
Arguments pertinents
L'argument central de la décision repose sur l'application de l'article 61 du code civil qui précise les conditions dans lesquelles un changement de nom peut être accepté. Selon le Conseil d'Etat, "le relèvement d'un nom afin d'éviter son extinction suppose qu'il soit établi que le nom en cause a été légalement porté par un ascendant de celui qui demande à changer de nom ou par un collatéral jusqu'au quatrième degré". Il souligne que le législateur a voulu garantir que seuls les noms de personnes possédant la nationalité française bénéficient de cette protection, établissant ainsi un lien entre le nom et le droit à l'identité.
Interprétations et citations légales
Le Conseil d'Etat aborde l'interprétation de l’article 61 du code civil : "Toute personne qui justifie d'un intérêt légitime peut demander à changer de nom" et souligne que ce droit n’est pas illimité. Conformément à la loi n° 93-22 du 8 janvier 1993, le législateur a introduit une condition essentielle selon laquelle "le nom à relever ait été porté par une personne possédant la nationalité française". Cela souligne la volonté de préserver le patrimoine onomastique français.
La décision stipule que la cour administrative d'appel a erré en ne considérant pas cette exigence : "le relèvement d'un nom menacé d'extinction peut être accordé, sans qu'il soit établi que l'ascendant dont le nom est recherché a possédé la nationalité française". Cette interprétation est jugée incorrecte par le Conseil d'Etat, qui insiste sur l'importance de cette condition préalable à l'octroi d'un changement de nom.
En somme, l'annulation fait référence à la nécessité de respecter strictement le cadre juridique défini par le législateur pour la préservation des noms et témoigne de l'importance accordée à la nationalité dans le processus de changement de nom.