Résumé de la décision
Dans cette affaire, M. A... B... conteste la légalité d'un décret du 22 décembre 1971 par lequel il a été libéré de ses liens d'allégeance avec la France. Le tribunal de grande instance de Marseille a suspendu sa décision en attendant que le Conseil d'État détermine la légalité de ce décret. Le Conseil d'État a finalement conclu que le décret était légal, car, à la date de sa signature, M. B... avait déjà atteint l'âge de dix-huit ans, ce qui lui permettait de demander la perte de sa nationalité française sans nécessité d'accord parental.
Arguments pertinents
1. Capacité de demander la perte de nationalité : Le Conseil d'État a souligné que, bien que M. B... ait formulé une demande de libération de sa nationalité française alors qu'il était mineur, il ne pouvait être libéré de ses liens d'allégeance qu'une fois qu'il avait atteint l'âge requis. En vertu de l'article 91 du Code de la nationalité française dans sa rédaction applicable, "le Français même mineur, qui, ayant une nationalité étrangère, est autorisé, sur sa demande, par le Gouvernement français, à perdre la qualité de Français." Par conséquent, à sa majorité, son seul avis a suffi.
2. Interprétation des textes de loi : Le Conseil d'État a précisé que la version applicable des articles exigeait que, si le mineur avait plus de seize ans à la date de la demande, son accord unilatéral n'était plus nécessaire. Il a établi que le décret du 22 décembre 1971 a été signé alors que M. B... avait déjà dix-huit ans, ce qui rendait la procédure conforme au droit en vigueur à ce moment-là.
Interprétations et citations légales
- Code de la nationalité française - Article 91 : Ce texte stipule que "Perd la nationalité française, le Français même mineur, qui, ayant une nationalité étrangère, est autorisé, sur sa demande, par le Gouvernement français, à perdre la qualité de Français." Ce passage sert de fondement légal à la possibilité de perdre la nationalité, en précisant que la demande doit être effectuée non seulement par le mineur mais aussi avec l'accord parental dans certains cas, mais pas une fois l'individu a atteint l'âge de dix-huit ans.
- Code de la nationalité française - Article 53 : Cet article précise que, "Si […] le mineur ne peut réclamer la nationalité française que s'il est autorisé par celui de ses père et mère qui a l'exercice de la puissance paternelle." À nouveau, cela confirme l'interdiction de demander une perte de nationalité sans consentement parental tant que l'individu n'est pas majeur.
- Code civil - Article 372 : En concordance avec les deux articles de la loi sur la nationalité, cet article établit que "Pendant le mariage, les père et mère exercent en commun leur autorité." Cela démontre que les droits parentaux sont co-partagés, renforçant ainsi l'importance de leur rôle dans la demande de perte de nationalité d’un mineur.
Le Conseil d'État a donc conclu que M. A... B... n'est pas fondé à contester la légalité du décret du 22 décembre 1971, mettant en avant que le cadre légal applicable a été correctement respecté.