Résumé de la décision
M. B..., ressortissant marocain, a épousé une Française en juillet 2010 et a demandé l'acquisition de la nationalité française en mars 2016. Toutefois, le Premier ministre a opposé un refus par décret du 10 avril 2018, invoquant son indignité à acquérir cette nationalité en raison de condamnations liées à la conduite en état d'ivresse. M. B... a contesté ce décret pour excès de pouvoir. La décision rendue a confirmé le refus d'acquisition de la nationalité française.
Arguments pertinents
1. Notification régulière et procédure : Le rapport mentionne que la lettre de notification de l'intention de refus a été correctement envoyée à M. B... par recommandé, ayant été présentée sans être réclamée, ce qui signifie qu'il ne peut soutenir qu'il n'a pas eu l'opportunité de défendre sa cause. Le jugement précise : « M.B..., qui ne fait état d'aucun élément précis susceptible de mettre en cause l'acheminement de ce pli... n'est pas fondé à soutenir qu'il n'a pas été mis en mesure de présenter ses observations. »
2. Motivation légale de l'indignité : Les infractions répétées liées à la conduite sous l'emprise de l'alcool ont été considérées par le Premier ministre comme des indices d'indignité. Le jugement conclut : « En se fondant sur ces circonstances pour estimer que M. B... devait être regardé comme indigne d'acquérir la nationalité française, le Premier ministre n'a pas... fait une inexacte application de l'article 21-4 du code civil. »
Interprétations et citations légales
Article 21-2 du Code civil : Cet article permet à un étranger marié à un Français de demander la nationalité après quatre ans de mariage, sous réserve que la communauté de vie n'ait pas cessé et que le conjoint français conserve sa nationalité. Cela définit clairement les critères d'acquisition de nationalité liés au mariage.
Article 21-4 du Code civil : Cet article confère au Gouvernement le pouvoir d'opposer un refus à la demande d'acquisition de nationalité pour indignité ou défaut d'assimilation. La mention que « le Gouvernement peut s'opposer par décret en Conseil d'Etat, pour indignité ou défaut d’assimilation autre que linguistique » illustre la latitude dont dispose l’administration pour apprécier les faits au regard de l’indignité.
Décret n° 93-1362 du 30 décembre 1993 : Les alinéas de l'article 32 précisent la procédure d'opposition, notamment en ce qui concerne la notification des motifs à l’intéressé. Ici, la décision souligne que M. B... a été dûment informé et qu’il a eu la possibilité de faire valoir sa défense, confirmant la régularité de la procédure.
La décision souligne donc que M. B... n'était pas fondé à contester le décret du 10 avril 2018, tant sur le plan procédural que sur le fond, en raison des faits d'indignité substantiels évoqués par l'administration.