Résumé de la décision :
En date du 31 décembre 2018, la Cour nationale du droit d'asile a rejeté la demande de réexamen de M. C... A... et Mme D... B..., de nationalité kosovare. Ces derniers avaient initialement présenté une demande d'asile qui a été déclarée irrecevable par l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) sans avoir été entendus lors d'un entretien. Ils ont saisi le Conseil d'État pour annuler cette décision. Le Conseil a annulé la décision de la Cour nationale en raison de la méconnaissance du droit des demandeurs à bénéficier d'un entretien individuel, constitutif d'une garantie fondamentale dans le cadre de la procédure d'asile.
Arguments pertinents :
1. Violation de la garantie de procédure d'asile : Les requérants ont soutenu que la Cour nationale a méconnu le droit pour tout demandeur d'asile de bénéficier d'un entretien individuel, ce qui constitue une garantie fondamentale selon le code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile (CESEDA). Le Conseil d'État a souligné que "la Cour ... devait annuler la décision d'irrecevabilité prise par l'OFPRA si elle jugeait que le défaut d'entretien était imputable à l'Office."
2. Inadéquation de la qualification des faits présumés : Le Conseil a relevé que la Cour nationale a entaché sa décision d'« une contradiction de motifs » et a commis « une erreur de qualification juridique des faits » en estimant que les déclarations des requérants concernant les persécutions au Kosovo étaient peu étayées.
3. Réexamen des éléments nouveaux : La Cour nationale a reconnu que les requérants avaient présenté des éléments nouveaux « augmentant de manière significative la probabilité qu'ils justifient des conditions requises pour bénéficier d'une protection » et aurait dû renvoyer l'affaire à l'OFPRA pour examen.
Interprétations et citations légales :
1. Sur le droit à l'audition : Selon le CESEDA - Article L. 723-2, l'OFPRA doit convoquer le demandeur pour une audition, matière qui est une condition préalable à la prise de décision sur la demande d'asile. La décision du Conseil d'État a souligné que "le caractère essentiel et la portée de la garantie en cause" était déterminant pour justifier la nullité de la décision initiale.
2. Examen préliminaire des demandes : L'article L. 723-16 du CESEDA stipule que l'OFPRA doit évaluer "tout élément susceptible de justifier un nouvel examen de sa demande d'asile". Cela implique la nécessité d’un entretien sauf dans les cas où l'audition est jugée inutile selon les critères établis.
3. Recours de plein contentieux : En vertu des règles applicables, la Cour nationale est tenue non seulement d'examiner la légalité d’une décision mais également de statuer sur le droit à la protection au vu des faits dont elle dispose au moment de l'audience. Cette portée a été reconnue par le Conseil d'État lors de l'abrogation de la décision de la Cour nationale, affirmant que le défaut d'entretien ne pouvait être laissé sans conséquence.
Cette décision souligne l'importance du respect des procédures garantissant les droits des demandeurs d'asile et de la nécessité d'un examen complet et équitable de leurs demandes sur le fond.