Résumé de la décision
M. A..., condamné à deux mois d'emprisonnement avec sursis et à une interdiction du territoire français pour soustraction à l'exécution d'une mesure de reconduite, a vu sa demande de titre de séjour en qualité de parent d'enfant français rejetée par le préfet, et cette décision a été confirmée par la cour administrative d'appel de Douai. En cassation, le Conseil d'État a annulé l'arrêt de la cour, considérant que l'interdiction du territoire ne pouvait pas être regardée comme non-exécutée tant que M. A... restait sur le territoire, ce qui est erroné au regard de la législation. L'État a été condamné à verser 3 000 euros à l'avocat de M. A... au titre des frais de justice.
Arguments pertinents
1. Application de la peine d'interdiction du territoire : Le Conseil d'État a souligné que la peine d'interdiction du territoire français, lorsqu'elle est prononcée, s'exécute à compter du moment où le jugement devient définitif. Il a affirmé que le maintien de M. A... sur le territoire français ne constituait pas un obstacle à l'exécution de cette peine. L'article 131-30 du Code pénal précise que l'interdiction du territoire "entraîne de plein droit la reconduite du condamné à la frontière".
2. Erreur de droit : La cour administrative a commis une erreur en concluant que l'interdiction n'était pas exécutée tant que l'individu n'avait pas quitté le territoire. Le Conseil d'État a précisé que cela ne pouvait justifier le refus d'un titre de séjour.
3. Condamnation des frais : Étant donné que M. A... a bénéficié de l'aide juridictionnelle, l'État a été condamné à verser 3 000 euros à son avocat, conformément aux dispositions légales applicables.
Interprétations et citations légales
1. Code pénal - Article 131-30 : Cet article établit les règles concernant l'interdiction du territoire français, stipulant que cette peine "peut être prononcée, à titre définitif ou pour une durée de dix ans au plus, à l'encontre de tout étranger coupable d'un crime ou d'un délit". Il est précisé que "l'interdiction du territoire entraîne de plein droit la reconduite du condamné à la frontière", soulignant ainsi que l'interdiction n'est pas affectée par le maintien de l'individu sur le territoire.
2. Code de procédure pénale - Article 708 : Cet article indique que "l'exécution de la ou des peines prononcées à la requête du ministère public a lieu lorsque la décision est devenue définitive". Le Conseil d'État a interprété cela pour signifier que, une fois la décision rendue, l'interdiction s'applique même si l'individu ne quitte pas immédiatement le territoire.
3. En appliquant cette législation, le Conseil d'État a clarifié que l'inexécution de la peine ne peut justifier un refus de titre de séjour. En conclusion, le maintien de M. A... sur le territoire, en dépit de l'interdiction, ne constitue pas une raison légale pour le refus de son titre de séjour, ce qui entraîne l'annulation de la décision antérieure et le renvoi du dossier à la cour administrative d'appel de Douai pour nouvel examen.