Résumé de la décision
M. A… a été naturalisé français par décret en date du 25 août 2016. Il a demandé que le nom de sa fille Oumou, née le 12 août 1998 (et donc devenue majeure au moment du décret), soit ajouté à ce décret, ce qui aurait permis à Oumou d'acquérir la nationalité française en vertu de l'article 22-1 du code civil. Le Conseil d'État a rejeté la demande de M. A…, jugeant qu'Oumou ne pouvait pas bénéficier de cette acquisition parce qu'elle était déjà majeure au moment où son père a acquis la nationalité française, indépendamment des délais d'instruction prévus.
Arguments pertinents
1. Condition d'âge : "Un enfant ne peut, par application de ces dispositions, devenir français de plein droit [...] que s'il est mineur." Cette condition est déterminante pour l'application de l'article 22-1 du code civil, qui stipule que la nationalité française est acquise par un enfant mineur lorsque l'un des parents acquiert cette nationalité.
2. Date de référence pour l'appréciation de l'âge : Le Conseil d'État précise que "cette condition d'âge s'apprécie à la date de signature du décret conférant la nationalité française". Cela indique que le statut d'âge est déterminé au moment où la nationalité est accordée, et non à la date où une demande ou un recours est effectué.
3. Inapplicabilité des délais d'instruction : Le rejet de la demande de modification du décret est aussi fondé sur le fait que la question de l'accélération du décret n'a pas d'impact sur le droit d'Oumou d'acquérir la nationalité. Ce raisonnement est étayé par l'affirmation selon laquelle "sans qu'ait d'incidence à cet égard la circonstance alléguée que le décret aurait dû intervenir plus tôt".
Interprétations et citations légales
1. Article 22-1 du code civil : Cet article stipule que "L'enfant mineur dont l'un des deux parents acquiert la nationalité française devient français de plein droit [...]". L'interprétation textuelle ici est que seul un enfant ayant le statut de mineur au moment de l'acquisition de la nationalité par un parent peut bénéficier automatiquement de la nationalité française.
2. Article 21-25-1 du code civil : Pour la naturalisation, cet article réglemente la durée d'instruction des demandes : "La réponse de l'autorité publique à une demande d'acquisition de la nationalité française par naturalisation doit intervenir au plus tard dix-huit mois [...]". Cette disposition souligne les délais de traitement et l'importance qu'ils revêtent dans le cadre de la procédure, mais n'affecte pas directement la situation d'Oumou car elle était déjà majeure au moment de la décision.
3. Interprétation de l’âge au moment du décret : Le jugement insiste sur l'importance de "la date à laquelle il a accordé la nationalité française à son père", rappelant que les conséquences en matière de nationalité se basent sur le statut lors de l'octroi et non sur des considérations ex post facto.
Au regard de ces éléments, la décision du Conseil d'État s'érige non seulement comme une affirmation du respect du cadre juridique sur la nationalité, mais aussi comme un rappel clair des conséquences des statuts civils au moment de la prise de décision administrative.